Du terrorisme au covidisme, la dictature en marche
(Youssef Hindi)
La République française, qui a amorcé il y a quelques années une transformation rapide, a finalement, par la voix de l’actuel locataire de l’Élysée, officialisé l’instauration d’une dictature – ou tyrannie, c’est selon – sous prétexte d’une lutte contre un virus. Cette mutation du régime s’est amorcée durant la « guerre » contre le « terrorisme », le précédent « ennemi » principal désigné par la République française et le « monde libre ».
Nous allons revenir ici sur les principales étapes de la mue du régime républicain qui est passé du libéralisme « démocratique » à la dictature par la voie de cette prétendue guerre antiterroriste et anti-covid.
Terrorisme et transformation du régime
« La République gouverne mal mais se défend bien » (dixit Anatole France) et lorsqu’elle est délégitimée, la République se rigidifie.
Ce régime a connu plusieurs crises et autant de phases tyranniques accompagnées de révoltes réprimées dans le sang (la Terreur, la Commune de Paris...). L’équipe dirigeante macronienne n’a rien inventé ; elle s’inscrit dans cette tradition républicaine et bourgeoise. Et nous en avons eu l’illustration durant la séquence Gilets jaunes où la délégitimation du régime républicain est apparue au grand jour. Une délégitimation cristallisée en la personne de Macron – l’homme de l’oligarchie, ultime avatar républicain – et qui s’est résumée par le slogan « Macron démission ! ».
La crise de régime a débuté plusieurs années avant l’élection d’Emmanuel Macron. Dans un article du 4 décembre 2015 [1], je voyais et décrivais, entre autres choses, la révolte des Français et les signes de la délégitimation du régime dans son raidissement, et sa transformation progressive, mais significative, vers ce que j’appelais « une dictature sociale-démocrate policière ». J’annonçais alors que ce raidissement du régime entraînerait à terme sa cassure. Cette rigidification est apparue au grand jour durant les manifestations des Gilets jaunes qui ont été durement réprimées par l’État policier.
Parmi les signaux faibles que j’avais identifiés comme préfigurant la rigidification et l’affaiblissement du régime républicain, il y a ce décret du 30 juin 2011 (sous Sarkozy) autorisant les représentants de l’État, les fonctionnaires et les militaires, à tirer à l’arme à feu sur la population pour le maintien de l’ordre public [2]. L’article 3 de ce décret, n° 2011-795, autorisant les forces de l’ordre à utiliser un fusil à répétition de précision de calibre 7,62 × 51 mm, a été finalement abrogé le 4 décembre 2013 (sous Hollande). Par contre, on retrouve dans les différents autres articles de ce décret de 2011 la liste des armes à feu utilisées contre les Gilets jaunes en 2018 et 2019, comme les LBD ou les grenades de désencerclement.
À partir de l’année suivante, 2012, le terrorisme a occupé une place centrale dans le narratif médiatico-politique. L’affaire Merah a opéré un tournant, et la fréquence des attentats sur le territoire français s’est accentuée :
Mars 2012 : tuerie perpétrée officiellement par Mohammed Merah
Mai 2013 : tentative d’égorgement d’un soldat français à la Défense
Août 2013 : un militaire « d’extrême droite » est arrêté pour avoir projeté de tirer à l’arme à feu sur une mosquée à Lyon
Décembre 2014 : attaque au couteau dans un commissariat à Joué-lès-Tours
Janvier 2015 : attentat contre Charlie Hebdo ; prise d’otage au magasin Hyper Casher à Porte de Vincennes
Février 2015 : attentat de Nice
Juin 2015 : attentat de Saint-Quentin-Fallavier dans une usine de production de gaz industriel
Août 2015 : tentative terroriste dans le Thalys
Novembre 2015 : attentats du 13 novembre
En 2016, il y eut six attentats et tentatives d’attentats, six également en 2017, trois en 2018, quatre en 2019 et et six en 2020. [3]
Les services de renseignement et les terroristes
Nous n’allons pas revenir ici sur chacune de ces affaires de terrorisme. Mais rappelons toutefois quelques faits édifiants autour de l’affaire Merah qui avait soulevé un certain nombre de questions quant au rôle de la DCRI. En effet, quelques mois après les attentats dont le coupable présumé était Mohammed Merah, le magazine Le Point révélait que « Mohamed Merah travaillait pour les RG » (article du 07/06/2012). On y apprenait que Mohammed Merah figurait depuis plusieurs années sur le fichier des personnes recherchées ; et les deux journalistes du Point, Armel Méhani et Aziz Zemouri, y font un récit qui devrait être connu de tous les Français :
Le 18 octobre 2007, Mohamed Merah faisait l’objet d’un contrôle routier aux abords d’un quartier de Toulouse. Au volant d’une BMW, le conducteur et son passager attiraient l’attention des gardiens de la paix Laurent S. et Agnès B., accompagnés de l’adjoint de sécurité Anthony C. Passé au fichier des personnes recherchées, le nom de Mohammed Merah apparaît en gras. Sur la note, 50600980 RG, il est indiqué "NE PAS ATTIRER L’ATTENTION. SÛRETÉ DE L’ÉTAT". Les trois policiers se regardent, interloqués, mais poursuivent leur contrôle. "Dans ce cas de figure, les consignes sont claires : on fait comme si de rien n’était", explique un fonctionnaire de police.
Ils prennent contact avec le service concerné, les renseignements généraux. Ils reçoivent pour instruction de faxer le P-V ainsi que la fiche de recherche. Cet élément versé à la procédure des juges du pôle antiterroriste du TGI de Paris, qui instruisent l’enquête sur les meurtres commis par Merah, ne manquera pas d’accréditer l’idée que Mohammed Merah était repéré depuis bien longtemps par les services de sécurité. Malgré cela, il a pu commettre tranquillement ses crimes du 11 au 19 mars 2012, plongeant sept familles dans l’horreur. Si officiellement, du ministre de l’Intérieur aux magistrats, on promet la vérité aux familles, quelques éléments troublants instillent le doute chez les parties civiles.
De nombreux éléments posent question ; comme le Colt 45 en possession de Merah, qui a été modifié « comme le font les forces d’élite, type GIGN, Raid ou encore GIPN », selon un expert en armes, requis régulièrement par la justice, qui précise qu’il est « difficile de croire que Merah ait pu apprendre cette technique dans un camp d’entraînement au Pakistan. Pour en avoir le cœur net, encore faut-il mener l’enquête. À ma connaissance, rien n’a été fait de ce côté-là. » [4]
Le 12 juin 2012, le quotidien Le Monde faisait état de l’existence de vidéos enregistrées par Mohammed Merah durant l’assaut mené contre lui et qui se conclura par sa mort. Merah aurait découvert « juste avant sa mort qu’un de ses amis, qu’il pensait être un djihadiste, était un agent du renseignement ». Dans une des vidéo-testaments Merah a déclaré :
« Je suis innocent. Je découvre que mon meilleur ami Zouheir travaille pour les services secrets français. Tu m’as envoyé en Irak, au Pakistan et en Syrie pour aider les musulmans. Et tu te révèles finalement un criminel et un capitaine des services français. J’aurais jamais cru ça. Vous allez me tuer sans aucune raison. C’est vous qui m’avez entraîné dans cette situation. » [5]
Le rôle trouble des services secrets français dans l’affaire Merah a mené à une enquête parlementaire en 2013 [6] dont le rapport révèle, entre autres choses, que les services agissent « en dehors du cadre de la loi » et que « leurs moyens sont dérisoires ».
Interviewé par RT Deutsch le 20 janvier 2015, Christoph Hörstel, spécialiste de la question terroriste et ancien instructeur au centre des forces dirigeantes de l’armée allemande, expliquait que l’on assistait en France à un « management de la terreur » consistant à fabriquer ou laisser faire des attentats pour distraire la population et surtout détourner sa colère. Cet expert affirmait que tous les gouvernements membres de l’OTAN mentent, car les auteurs des attentats seraient, d’après lui, dans 95 % des cas très bien connus des services de sécurité. [7]
La même thèse a été défendue par François Hollande en 2009 alors qu’il était premier secrétaire du Parti socialiste :
« Au nom de la lutte contre le terrorisme, on est en train de faire des amalgames et des confusions… Celui qui n’est plus dans la norme, qui a un comportement déviant, peut être assimilé à un terroriste. Ce qui peut être une atteinte grave aux libertés… Il y a une intention politique du pouvoir de donner le sentiment qu’il y a une menace et que le pouvoir y répond, pour justifier son intervention sécuritaire. C’est une dérive sécuritaire qui justifie des lois répressives au nom d’une menace qui parfois est réelle mais qui est parfois virtuelle, voire même inexistante ».
Le but de cette manœuvre, selon François Hollande, étant « de montrer une efficacité qui fait défaut sur le plan économique et social… » [8]
Terrorisme et société de surveillance
Durant cette séquence d’explosion du nombre d’attentats, le plan Vigipirate a été refondé et renforcé. Le périmètre des actions liées au plan a été élargi. Le 30 novembre 2016, l’exécutif a entériné un « nouveau plan Vigipirate adapté à l’évolution des menaces » durant un conseil de Défense réuni à l’Élysée. Le plan est détaillé dans une brochure ainsi résumée par Le Monde dans un article du 1er décembre 2016 :
Le nouveau dispositif Vigipirate, dont le fonctionnement relève du Premier ministre, prévoit « trois cents mesures s’appliquant à 13 grands domaines d’action, tels que les transports, la santé et les réseaux ». Certaines sont mises en place de manière permanente : surveillance des transports, des lieux publics, contrôle des accès aux sites publics.
La brochure détaille également comment le plan Vigipirate, qui avait été réduit de quatre à deux niveaux en 2014, repasse à trois niveaux. Aux deux premiers appelés « vigilance » et « sécurité renforcée/risque d’attentat » s’ajoute un troisième, plus élevé, appelé « urgence attentat ».• Le niveau de « vigilance » correspond à une « posture permanente de sécurité » impliquant la mise en place d’un socle de cent mesures.
• Le niveau de « sécurité renforcée » répond à une menace terroriste élevée ou très élevée. Il permet d’activer quelque 216 mesures additionnelles allant de la prévention (port de badges ou vérification des pièces d’identité) à l’organisation de patrouilles, d’opérations de filtrage et de fouilles.
• Le troisième niveau, appelé « urgence attentat », correspond à l’activation d’une cellule de crise en réponse à un attentat ou face à la menace immédiate d’une action terroriste. Il comprend des mesures d’exception comme la fermeture des routes, du métro, l’arrêt des déplacements scolaires. [9]
Le terrorisme a également permis l’instauration d’une société de surveillance sous un prétexte sécuritaire. Le 24 juillet 2015 a été votée une loi (n° 2015-912) relative au renseignement autorisant « la mise en œuvre sur le territoire national des techniques de recueil de renseignement » justifiées « par les menaces, les risques et les enjeux liés aux intérêts fondamentaux ». Mais le texte de loi se veut rassurant, car « les atteintes qu’elles portent au respect de la vie privée sont proportionnées aux motifs invoqués ». [10]
Quatre mois plus tard eurent lieu les attentats du 13 novembre 2015. Le 17 novembre, alors que les Français sont encore sous le choc de l’attaque meurtrière, la radio de grande écoute RTL (propriété du groupe M6 et du luxembourgeois RTL Group) commande à l’institut Ifop un sondage d’après lequel « une très large majorité de Français (84 %) se disent prêts à accepter davantage de contrôles et une certaine limitation de leurs libertés, pour mieux garantir leur sécurité, après les attentats du 13 novembre ». [11]
Le terrorisme et la peur comme marchepieds de la dictature et de la surveillance numérique généralisée.
Concentration des pouvoirs et défiance vis-à-vis de l’armée
Le 16 novembre 2015, trois jours après les attentats, le président de la République d’alors, François Hollande, entendait réviser la Constitution pour « permettre aux pouvoirs publics d’agir conformément à l’État de droit contre le terrorisme de guerre ». Une source gouvernementale évoquait la création d’un régime constitutionnel d’« état de crise ». [12]
François Hollande voulait réviser précisément deux articles importants de la Constitution :
L’article 36 [13], qui organise « l’état de siège », lorsque la France est dans une situation de péril imminent (attaquée ou faisant l’objet d’une insurrection armée), et qui prévoit le transfert de certains pouvoirs à l’autorité militaire. Les pouvoirs civils de police sont transférés à l’armée qui la remplace pour la sécurité publique, des tribunaux militaires remplacent les tribunaux civils et les médias sont contrôlés.
L’article 16, qui permet au président de la République de s’octroyer des « pouvoirs exceptionnels » lorsqu’une menace « grave et immédiate » pèse sur « les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux ». [14] Il n’a connu qu’une seule mise en application, au moment du « putsch des généraux » en 1961, lors de la guerre d’Algérie. Les pleins pouvoirs avaient alors été accordés au général de Gaulle de fin avril à fin septembre.
Pour justifier une modification de ces deux articles de la Constitution, le président Hollande a déploré qu’ils ne soient pas « adaptés à la situation que nous rencontrons » qu’il a qualifié de « terrorisme de guerre », puisque « le fonctionnement régulier des pouvoirs publics n’est pas interrompu et il n’est pas concevable de transférer à l’autorité militaire des pouvoirs. Et pourtant, nous sommes en guerre ». Dès lors, selon lui, il était nécessaire d’avoir un « autre régime constitutionnel ».
Pour ce faire, François Hollande a évoqué les propositions du comité Balladur, chargé en 2007, par Nicolas Sarkozy, de réfléchir à une modification constitutionnelle. L’objectif affiché était de rendre la Ve République « plus démocratique ».
« Concernant l’article 36, le comité Balladur suggérait que l’état d’urgence – dont l’activation relève aujourd’hui d’un décret en conseil des ministres et dont les contours dépendent de la loi – figure dans la Constitution aux côtés de l’état de siège. » [15]
Précisons que l’état d’urgence, décrété le 13 novembre 2015, n’a pas de définition constitutionnelle (une loi de 1955 le définit).
L’état d’urgence restreint très fortement les libertés publiques. Sont rendues possibles : l’instauration d’un couvre-feu, la réglementation de la circulation ou du séjour par les préfets, l’assignation à résidence par décision ministérielle, la fermeture de salles, de bars, l’interdiction de réunions, les perquisitions de jour comme de nuit sans passer par un juge, le contrôle de la presse et de la radio...
Le tout, sans passer par l’article 36 qui transférerait nombre de pouvoirs à l’armée ; ce que veut absolument éviter l’exécutif, et raison pour laquelle il voulait modifier cet article de la Constitution. J’en ai déduit à l’époque (dans mon article du 4 décembre 2015 sus-mentionné) que c’était là la preuve d’une défiance de l’exécutif vis-à-vis de l’armée, seule force organisée en mesure de s’opposer à un État opérant consciemment sa mue tyrannique. Rappelons que l’armée n’interviendra que si elle y est contrainte, notamment en cas de révolte que la police ne serait pas en mesure de contenir, déstabilisant ainsi l’appareil d’État.
Ce que souhaitait François Hollande, c’est « pouvoir disposer d’un outil approprié pour fonder la prise de mesures exceptionnelles, pour une certaine durée, sans passer par l’état de siège ni renier les libertés publiques ».
Éviter l’état de siège, c’est éviter la prise de pouvoir par l’armée.
Finalement, le 24 mars 2016, François Hollande renonce à la révision de la Constitution. Une des raisons officielles est qu’« une partie de l’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu’elle porte sur l’état d’urgence ou même sur l’indépendance de la magistrature ». [16]
Est-ce la conséquence d’une intervention discrète de la « grande muette » ? [17]
La terreur sanitaire
Du point de vue politico-légal, la séquence covidiste se situe dans la continuité de la période de « lutte contre le terrorisme », en cela qu’elle permet la poursuite de la transformation du régime. Pour être plus précis, la séquence historique terroriste et covidiste correspond à la phase durant laquelle l’État de droit est aboli (un sujet que j’ai traité en détail dans un autre article [18]) et où un nouveau régime et une nouvelle loi sont en cours d’instauration.
L’on peut ainsi dresser un parallèle historique entre la période actuelle et celle de la Terreur révolutionnaire (1793-1794) qui a suspendu la Constitution pour cause de guerre intérieure (contre la Vendée et les fédéralistes) et de guerre extérieure.
État d’urgence sanitaire et gouvernement hors-la-loi
Maître Virginie de Aurajo Recchia, juriste et avocat au barreau de Paris, a produit un rapport sur la gestion sanitaire du gouvernement français depuis le début de l’année 2020 : « RAPPORT DICTATURE 2020 – TERRORISME D’ÉTAT, ATTEINTE AUX INTÉRÊTS FONDAMENTAUX DE LA NATION ET CRIME CONTRE L’HUMANITÉ » (publié le 24/12/2020). Un document qui « relate l’ensemble des faits reprochés de manière synthétique, ainsi que les grands axes de poursuite pénale ». [19]
Maître de Aurajo Recchia reproche, entre autres choses, au gouvernement d’avoir :
porté atteinte volontairement à la vie et à l’intégrité des personnes,
pris des décisions allant à l’encontre des intérêts fondamentaux de la nation et des citoyens,
manipulé l’opinion afin de faire régner la terreur et troubler l’ordre public,
géré la crise de façon totalement disproportionnée et non conforme aux pratiques habituelles en la matière,
interdit un traitement disponible anti-Covid-19 en violation des droits du patient et de la liberté de prescrire,
interdit aux médecins de ville d’exercer librement,
pratiqué l’euthanasie active et passive sans consentement,
annulé des interventions hospitalières et reporté le traitement des maladies graves,
fermé des services hospitaliers,
supprimé des lits d’hôpitaux,
refusé de solliciter les hôpitaux et cliniques privées,
mené une campagne massive de faux tests RT-PCR SARS-CoV-2 valeur Ct>30 (Ct : estimation de la charge virale),
orienté la population vers des vaccins possiblement dangereux,
infligé un traitement inhumain à l’égard des enfants.
Quant à la séparation des pouvoirs, qui a été de fait définitivement abolie à l’occasion de la crise sanitaire, l’avocate précise :
« Depuis la publication de la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19, des ordonnances, décrets, lois de prorogation ont été appliqués sans qu’aucun pouvoir n’ait été en mesure de remettre en cause le caractère inconstitutionnel de ces mesures.
Nous pouvons notamment le constater à la lecture de la décision du Conseil constitutionnel n° 2020-808 DC du 13 novembre 2020, relative à la loi autorisant la prolongation de l’état d’urgence sanitaire [20], par laquelle le Conseil constitutionnel refuse de censurer ladite loi, alors que :
le gouvernement a utilisé la procédure des votes bloqués (art. 44, al. 3 de la Constitution), empêchant ainsi d’adopter un amendement réduisant la période de confinement (amendement qui avait été adopté lors du premier vote),
l’exécutif bafoue continuellement le bloc constitutionnel depuis le début de la crise. »
Nous vivons de facto sous un régime anomique (anomie = absence de loi), au sens où le pouvoir politique actuel ne respecte plus la loi ni la morale dont elle est censé découler. Dans cet État d’exception, seule la loi du tyran est appliquée et non plus la loi commune.
L’abolition de la loi commune annonce l’établissement d’une nouvelle loi ; et de cette loi nouvelle nous avons des prémices inquiétants.
L’avènement d’un nouveau régime et d’une loi nouvelle
Le mercredi 20 juillet 2021, l’Assemblée nationale a rejeté l’amendement n° CL185, présenté par Mme Ménard qui proposait que le pass sanitaire prenne « fin dès lors que la circulation du virus ne représente plus un danger suffisamment grave pour légitimer son application ». [21]
Ce qui signifie que le Parlement, à la botte de l’exécutif, entend maintenir le pass sanitaire même si le virus venait à disparaître ou à avoir le taux de létalité d’un petit rhume (ce qui est le cas du variant Delta). Preuve que le pass sanitaire n’a pas pour objet de préserver la santé publique ; c’est un outil de contrôle s’inscrivant dans le cadre du nouveau régime et de la nouvelle loi.
Un pass sanitaire d’ores et déjà obligatoire, depuis le 21 juillet 2021, dans les cinémas, théâtres, salle de sports, parcs d’attraction et autres lieux de loisirs. L’Assemblée nationale a voté, le 23 juillet, une loi imposant le pass sanitaire dans les entreprises recevant du public et le vaccin obligatoire pour les professionnels de santé. Une loi qui a été examinée par le Sénat – avant le Conseil constitutionnel – qui n’y a apporté que quelques allègements : les sénateurs ont « restreint le champ d’application du passe sanitaire aux espaces confinés et en ont exclu les mineurs. Le passe sanitaire ne s’appliquera ensuite aux salariés concernés qu’à partir du 15 septembre et non plus du 30 août ». [22]
Si le pass sanitaire n’est qu’un outil, cette loi n’est quant à elle qu’une étape dans l’établissement d’une société dystopique en devenir.
Si la désobéissance civile et la révolte ne sont pas suffisamment radicales, les sociopathes au pouvoir iront plus loin dans leur hubris et leur folie politique.
La société qu’ils veulent instaurer a été décrite dans un rapport du Sénat, datant du 3 juin 2021 titré Crises sanitaires et outils numériques : répondre avec efficacité pour retrouver nos libertés. On peut relever dans le titre l’emploi du pluriel, « crises sanitaires », et l’utilisation de la novlangue ; la suppression des libertés aurait pour objectif de les retrouver. Les auteurs de ce rapport sont les sénateurs Véronique Guillotin (Mouvement radical), Christine Lavarde (Les Républicains) et René-Paul Savary (Les Républicains). [23]
Le rapport sénatorial propose de surveiller votre comportement via votre téléphone en analysant « des données des opérateurs téléphoniques (antennes GSM) ou des géants du numérique (géolocalisation) pour étudier l’évolution de la mobilité et le respect des règles de confinement ». Pour justifier cette intrusion dans votre vie privée, les sénateurs, auteurs du rapport, convoquent la stratégie du gouvernement chinois qui a eu un « recours intensif aux outils numériques sous toutes leurs formes et avec tous les types de finalités, y compris les plus intrusives, avec une ampleur inégalée non seulement dans le monde, mais aussi dans l’histoire. La Chine a, sans ambiguïté, privilégié la lutte contre la menace sanitaire par rapport à la protection des libertés individuelles, en particulier la liberté d’aller et venir et celle d’avoir une vie privée. Si le modèle chinois n’est évidemment pas transposable aux pays occidentaux, on ne peut pas, pour autant, se satisfaire d’une simple posture d’indignation : la stratégie chinoise est, globalement, une grande réussite sur le plan sanitaire. »
Peut-être que les sénateurs, tout comme Macron et son gouvernement, s’imaginent que leur politique folle menée depuis le premier confinement a opéré une transformation anthropologique telle que les Français se sont transformés en Chinois en l’espace d’une année. C’est là l’un des signes que les dirigeants occidentaux tentent de mener une révolution utopique anthropologique en refaçonnant l’âme des peuples devenus encombrants.
Le passage suivant du rapport résume assez bien la direction que prend le pouvoir actuel :
« Dans les situations de crise les plus extrêmes, les outils numériques pourraient permettre d’exercer un contrôle effectif, exhaustif et en temps réel du respect des restrictions par la population, assorti le cas échéant de sanctions dissuasives, et fondé sur une exploitation des données personnelles encore plus dérogatoire.
Ces outils sont les plus efficaces, mais aussi les plus attentatoires aux libertés – mais une fois de plus, il serait irresponsable de ne pas au moins les envisager, ne serait-ce que pour se convaincre de tout faire en amont pour ne pas en arriver là.
De nombreux cas d’usages sont possibles, et notamment :
Le contrôle des déplacements : bracelet électronique pour contrôler le respect de la quarantaine, désactivation du pass pour les transports en commun, détection automatique de la plaque d’immatriculation par les radars, portiques de contrôle dans les magasins, caméras thermiques dans les restaurants, etc. ;
Le contrôle de l’état de santé, via des objets connectés dont l’utilisation serait cette fois-ci obligatoire, et dont les données seraient exploitées à des fins de contrôle ;
Le contrôle des fréquentations, par exemple aller voir un membre vulnérable de sa famille alors que l’on est contagieux ;
Le contrôle des transactions, permettant par exemple d’imposer une amende automatique, de détecter un achat à caractère médical (pouvant suggérer soit une contamination, soit un acte de contrebande en période de pénurie), ou encore la poursuite illégale d’une activité professionnelle (commerce, etc.) en dépit des restrictions. »
Ces sociopathes vont plus loin, en proposant par exemple d’imposer une « petite hausse des cotisations sociales si le nombre ou la durée des sorties excède un certain seuil ».
Ce rapport a au moins le mérite d’afficher la claire intention d’instaurer une dictature :
« Si une « dictature » sauve des vies pendant qu’une « démocratie » pleure ses morts, la bonne attitude n’est pas de se réfugier dans des positions de principe, mais de s’interroger sur les moyens concrets, à la fois techniques et juridiques, de concilier efficacité et respect de nos valeurs. »
Révolution ou dictature ? Quelle issue ?
Le processus de transformation du régime peut déboucher sur deux principales issues : l’instauration d’une dictature écrasant le peuple qui acquiesce, ou bien l’échec, qui se traduira par une révolte de plus en plus violente, un chaos temporaire, l’état de siège et la chute du pouvoir actuel, voire du régime.
Toutefois, il est très difficile d’anticiper avec précision l’évolution de la révolte qui semble (re)démarrer. Les manifestations des 17 et 24 juillet ont été massives, mais on ne peut pas encore parler d’insurrection. Peut-être que le processus s’enclenchera avec une désobéissance civile massive, le refus d’appliquer et de faire appliquer le pass sanitaire par des professions entières et des secteurs d’activité essentiels. Quoi qu’il en soit, la révolte s’accentuera au fur et à mesure qu’augmentera la violence politique.
L’un des écueils à éviter pour le mouvement actuel est la récupération par quelques hommes et partis politiques qui entendent conduire la révolte vers une voie de garage en proposant comme solution ultime le vote pour leur petite personne aux élections présidentielles de 2022, et faire ainsi avancer leur carrière. Mais l’ère du politique professionnel est arrivée à son terme.
La pouvoir, représenté par Macron, a déclaré une guerre ouverte au peuple. À l’issue de cette guerre il y aura un vainqueur et un vaincu. Mais la lutte entre les deux forces s’étendra sur de longs mois, voire quelques années. Il y aura des batailles gagnées, d’autres perdues. Mais il faudra à cette révolte, pour qu’elle devienne révolution, des figures et une direction.
Ces figures ne peuvent être des inspecteurs des finances, des avocats grisés par la médiatisation, ayant perdu pied et se donnant en spectacle chez Hanouna, ou des politiciens ayant mangé à tous les râteliers. Peut-être verrons-nous émerger des figures issues du monde réel, des petits patrons (lesquels sont directement menacés par le pouvoir) associés à une véritable élite intellectuelle et scientifique hors contrôle de l’université et des lobbies.
Le régime, et tout particulièrement le pouvoir macronien, apparaît comme dominateur, mais il est peu sûr de lui-même et de son assise ; à tel point qu’il a exempté de vaccination la police et la gendarmerie [24] – la seule et unique barrière qui protège Macron et sa clique de la colère populaire.
Il ne faut pas s’y tromper, la fébrilité et la violence de l’actuelle équipe dirigeante indiquent non pas un début mais une fin de règne.
Voilà bientôt trois années que le pays est entré dans une séquence historique de révolte (depuis novembre 2018 avec les Gilets jaunes) ; et cette révolte, dont la France périphérique est le noyau initial, grossit au fur et à mesure que Macron déploie son « projet » et élargit les catégories de Français auxquels il mène la guerre.
À l’instar de la Terreur, par laquelle la Révolution a tenté de s’accomplir et de s’installer, l’actuelle révolution macronienne pourrait bien se retourner contre ses tenants. Souvenons-nous qu’après la chute de Robespierre « un violent mouvement de l’opinion exigea et obtint le châtiment des ‘‘bourreaux barbouilleurs de lois’’. La guillotine servit encore pour les plus marquants et les plus abominables des terroristes, comme le tribunal révolutionnaire avait servi contre ceux qui l’avaient institué. » [25]
Et si la macronie ainsi que tous ses collaborateurs, de gauche comme de droite, finissaient par être punis par là où ils ont péché ?
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