Le débile : le ministère de l’Agriculture
veut recruter sur le jeu Farming Simulator
Le gouvernement veut remettre l’agriculture au goût du jour. En créant un concours grâce au jeu vidéo Farming Simulator, elle espère faire découvrir aux jeunes les meilleurs aspects du métier, qui peine à recruter.
Le gouvernement veut susciter de nouvelles passions dans l’agriculture. Regrettant une profession qui peine à attirer les jeunes, le ministère de l’Agriculture met en place un concours sur le célèbre jeu Farming Simulator, un simulateur où l’on peut gérer sa propre exploitation agricole.
Ce tournoi a pour vocation de présenter plus en détails les différents aspects du métier, avec un accent fait sur la transition écologique et le bien-être animal. Après les phases de qualification en équipe organisées les 27 et 28 novembre prochains, une finale sera également organisée, le 6 décembre, sur la plateforme de diffusion en direct Twitch, selon le média spécialisé Réussir.
Dans ce jeu, qui connaît un très grand succès, le joueur doit développer de A à Z sa ferme, avec ses véhicules agricoles et ses champs.
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Le sérieux : la loi Sempastous remet en cause le principe
de la liberté du titre de propriété foncière
La proposition de loi Sempastous s’attaque à ce qui a de plus sacré dans le monde agricole, à savoir la transmission des exploitations. Votée, la proposition de loi Sempastous renforcerait le mal-être qui est celui de nos paysans, accentuant les sentiments de relégation sociale et de dépossession.
Emmanuel Macron avait promis une « grande loi foncière agricole », mais l’accumulation des retards aura eu raison de cette ambition. À la place, nous nous retrouvons avec une proposition de loi votée en urgence, censée mieux contrôler les cessions des parts dans les sociétés agricoles. Déjà adoptée par les députés le 26 mai dernier, elle passera en lecture au Sénat le 3 novembre prochain. Or, cette loi, dite Sempastous du nom de son rapporteur, va constituer un séisme pour le monde agricole. Pour dire les choses simplement, elle va remettre en cause le principe même de la liberté de propriété foncière.
Telle qu’elle est formulée, la proposition de loi Sempastous s’attaque à ce qui a de plus sacré dans le monde agricole, à savoir la transmission des exploitations, qui, à la campagne, constitue souvent le fil qui relie les générations. Votée, la proposition de loi Sempastous renforcerait le mal-être qui est celui de nos paysans, accentuant les sentiments de relégation sociale et de dépossession.
Une loi mal écrite, qui dessert les causes qu’elle entend défendre
Dans ses exposés, la proposition de loi entend lutter contre la concentration et l’accaparement du foncier agricole pour favoriser l’installation de jeunes agriculteurs. Ces intentions sont louables, mais la réponse n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Pire, elle est contre-productive.
Premièrement, la dernière enquête de l’INSEE sur la question, publiée en 2016, démontre qu’il n’y a pas de concentration excessive du foncier agricole. La concentration est progressive et maîtrisée. Surtout, elle est la conséquence du vieillissement des agriculteurs et de l’absence de repreneurs. Elle est aussi cohérente, les agriculteurs recherchant la taille critique leur permettant de mutualiser leurs coûts, notamment dans certaines filières spécifiques.
Deuxièmement, il n’y a pas de problème d’accaparement, les (médiatisés) investissements chinois dans le foncier agricole étant complètement à l’arrêt depuis plusieurs années. Le législateur semble avoir dans son viseur le développement de structures sociétaires. Or, celui-ci ne résulte pas d’une démarche spéculative, mais bien d’une évolution logique visant à remplacer les propriétés en nom propre par des propriétés en société. En effet, celles-ci ont le double avantage de protéger le patrimoine privé en le séparant du patrimoine professionnel et de faciliter la gouvernance d’une exploitation. L’agriculteur est ainsi mieux à même de sortir un revenu décent et de continuer à investir, notamment pour financer les différentes transitions, qu’elles soient économiques, environnementales ou numériques.
Troisièmement, l’installation de jeunes agriculteurs appelle des solutions inventives. Il serait illusoire de considérer qu’elle ne passerait que par des endettements massifs. Par exemple, il est plus que temps de réformer le statut du fermage afin de libérer du foncier pour les prix et donc permettre l’installation de jeunes agriculteurs.