Ce qui suit est un extrait de Goliath : Life and Loathing in Greater Israel, par Max Blumenthal (Nation Books, 2013).
Lors d’une autre journée ensoleillée de l’été 2010 à Jérusalem, je me frayais un chemin à travers la foule de touristes, de soldats aux visages d’enfant, et des hordes de colons orthodoxes qui se pressaient autour du Ben Yehuda Pedestrian Mall, et me suis dirigé vers Pomeranz, une bouquinerie juive sur Be’eri Street, une rue animée à quelques pâtés de maison de là.
Dès que je fus à l’intérieur du magasin, un homme de petite taille à l’air amène m’accueillit avec un anglais à l’accent des USA. Il s’agissait du propriétaire, Michael Pomeranz, un ancien agent en sous-marin des Stups et ex-pompier du New Jersey, qui avait eu un réveil religieux et immigré en Israël. Lorsque je demandai la disponibilité d’un livre grandement débattu intitulé Torat Ha’Melech (photo ci-dessus), ou la Torah du Roi, une agitation s’ensuivit immédiatement.
« Êtes-vous sûr que vous en voulez ? », me demanda Pomeranz, plaisantant à moitié. Un collègue d’âge moyen pouffa de derrière une étagère. « Le Shabak [le service de sécurité intérieure d’Israël] va vouloir avoir quelques mots avec vous si c’est le cas », avertit-il. Quand plusieurs clients arrêtèrent de lire et commencèrent à me fixer, Pomeranz pointa du doigt une caméra de surveillance fixée au mur. « Vous voyez ça ? », dit-il. « Cela va directement au Shabak [Shin Bet] ! »
À sa publication en 2009, Torat Ha’Melech provoqua un tollé national. La polémique démarra quand le journal israélien Maariv décrivit le contenu du livre comme « 230 pages sur les lois qui concernent le fait de tuer des non-juifs, une espèce de manuel d’instructions pour quiconque se pose la question de savoir si et quand il peut être permis de prendre la vie d’un non-juif ». La description était parfaitement exacte.