Michel Drac lit beaucoup de livres, dont il partage ensuite ses impressions en vidéo. Cette semaine, il commente La France djihadiste, d’Alexandre Mendel, qui a notamment été en charge d’articles dans Valeurs actuelles sur le djihadisme français. Un livre édité chez Ring, la maison d’édition du sioniste ou de l’islamophobe (au choix) Kersan, qui a eu l’insigne honneur d’être reçu un jour à l’Élysée avec Houellebecq, une maison qui édite entre autres Alexandre Del Valle, l’agent proaméricain qui ne cache pas ses sympathies sionistes.
La thèse du livre est simple : il y a en France environ 14 000 individus radicalisés, mais dans la population musulmane française, il existerait une « zone grise » beaucoup plus importante d’individus non opposés – voire partisans – à Daech. Une proportion dont on ne connaît pas la valeur numérique, et l’auteur non plus. Drac s’interroge sur le sérieux d’une thèse basée sur le concept de « zone grise ».
Pourtant, le livre de Kepel sur le djihadisme spontané après les attentats de 2015 sur le sol français ne dit pas autre chose, en substance. Il fait le lien entre les millions de musulmans français, les jeunes radicalisés, dont la conversion s’opèrerait suite au visionnage des vidéos qui vantent la gloire du combat contre les infidèles en Syrie et en Irak (et pas contre Israël, vous noterez), ce qui accessoirement fait le jeu la coalition occidentale opposée à Assad. En outre, à la 22’, le livre fait la confusion très oligarchique entre Dieudonné et les djihadistes !
À 32’45 :
« Quand monsieur Mendel dit que l’idéologie djihadiste est encapsulée pour reprendre sa formule dans l’islam sunnite, il pourrait se demander qui a fabriqué la capsule et qui l’a glissée à l’intérieur de l’islam sunnite, est-ce que c’est nécessairement des musulmans qui ont fabriqué cette bombe qui aujourd’hui explose à travers l’islam, ça c’est une question que monsieur Mendel ne pose pas »
Le livre prend ensuite un ton franchement comique, que Drac souligne, quand il aborde le comportement « kouffar » des racailles français prestement islamisés qui sont partis se battre à Raqqa... Les cadres de Daech ayant « pris l’habitude de les séparer pour qu’ils foutent moins la merde à l’entraînement », afin qu’ils se fassent « dresser par des Tchétchènes » !
À partir de 36’00, Drac lit plusieurs passages carrément arabophobes du livre. Comme si l’enquête sur Daech permettait de la dévaloriser ces Français d’origine arabe. Les amalgames vont ainsi bon train, le djihadisme (réel) servant de locomotive à tout un tas de wagons chargés des cliché islamophobes.
À 39’15, Drac aborde un passage sur les 220 filles qui ont rejoint les rangs de Daech... soit un tiers des effectifs français en Syrie à l’heure actuelle. Ainsi que le portrait de Samy Amimour, un des kamikazes du Bataclan, par sa jeune veuve. Enfin, à partir de 42’56, Drac reprend son sérieux pour évoquer « quelque chose de beaucoup plus dangereux ». Et soudain, revoilà le complot djihadiste mondial, qui entend prendre le pouvoir en France, un jour... en utilisant « ces réseaux et les masses qu’ils peuvent déclencher et contrôler indirectement dans une perspective autrement plus dangereuse que tout ce que nous avons vu jusqu’ici ».
La 5e colonne ! On le voit, la thèse du livre correspond en tous points à la propagande américano-sioniste en France qui vise à scinder la communauté nationale en islamistes et anti-islamistes. Une ingénierie qui émerge et se précise depuis le 7 janvier 2015. Le livre prédit l’union des antifaschistes et des islamistes armés contre les « néonazis » et la police, autrement dit « le futur djihad en Europe ». On se croirait dans un roman de Dantec.
Drac conclut de manière plus sérieuse en brandissant (à 49’14) un ouvrage d’Izambert (Crime sans châtiment) sur la constitution des réseaux des Frères musulmans en Irak et en Syrie, qui sont ensuite passés à l’attaque en provoquant les guerres civiles que l’on connaît. « Nous sommes assis sur une poudrière », termine Drac.
Cependant, n’oublions jamais une chose : celui qui cherche à instiller la peur, c’est l’ennemi. Le terrorisme c’est d’abord instiller la peur, et tout ce qui s’y prête peut être considéré comme terroriste, même un livre. Inversement, ceux qui apportent une explication peuvent être considérés comme des anti-terroristes.