Choqué par le double attentat de samedi, qui a fait 46 morts en Turquie, Ankara pointe du doigt en direction de la Syrie et de ses alliés. « Les coupables en paieront le prix », a assuré le chef de la diplomatie turque.
La Turquie s’est réveillée dimanche sous le choc du pire attentat perpétré sur son sol depuis le début de la crise syrienne avec l’explosion de deux voitures piégées près de la frontière avec la Syrie. Ces attaques ont fait au moins 46 morts et une centaine de blessés.
Les autorités turques ont immédiatement dénoncé des liens entre les auteurs des attaques et le régime de Damas. Deux véhicules bourrés d’explosifs ont explosé samedi vers 12h55 heure suisse devant la mairie et la poste de Reyhanli (province de Hatay, sud), une localité située à huit kilomètres d’un important poste-frontière avec la Syrie.
Au moins 46 personnes ont péri dans les attentats, a affirmé le vice-Premier ministre Besir Atalay, au cours d’une conférence de presse à Antakya, une ville proche de Reyhanli.
Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière enregistrée en Turquie depuis plusieurs années et notamment depuis le début du conflit dans la Syrie voisine, il y a plus de deux ans.
Proches du régime syrien
Au cours de la même conférence de presse à Antakya, le ministre turc de l’Intérieur, Muammer Güler, a annoncé que les auteurs du double attentat étaient liés à des organisations proches du régime syrien et de ses services de renseignement.
Besir Atalay a pour sa part précisé que les auteurs de l’attentat ne venaient pas de l’autre côté de la frontière, mais se trouvaient en Turquie.
Mise en garde
Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a de son côté mis en garde les auteurs de l’attentat, d’où qu’ils viennent.
« Les coupables en paieront le prix, qu’ils viennent de l’intérieur ou de l’extérieur du pays », a-t-il dit lors d’un déplacement à Berlin. Interrogé sur la nécessité d’appeler à une action de l’OTAN, il a déclaré : « Elle n’est pas nécessaire pour le moment. »
Dans une allusion implicite aux alliés du régime syrien, y compris l’Iran, le ministre a ajouté : « Nous avons toujours appelé ceux qui soutiennent le régime syrien à ne pas s’allier avec ceux qui commettent un crime contre l’humanité. » Le bombardement de Reyhanli montre la nécessité d’« une solution urgente » au problème syrien, a-t-il dit.
Visite à Washington
Plus tôt dans la journée, il avait souligné la « coïncidence » entre ces attaques et une « accélération » des efforts pour résoudre la crise syrienne, avec notamment une visite prévue du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Washington le 16 mai.
Il a souligné que ces attentats ne modifieront pas la politique d’accueil de la Turquie vis-à-vis des réfugiés. Ankara soutient les rebelles syriens et accueille quelque 400 000 réfugiés syriens.
M. Arinç, également porte-parole du gouvernement, avait estimé auparavant que le régime de Damas et le président syrien Bachar al-Assad faisaient figure de suspects.
Les déflagrations ont été particulièrement puissantes et les secouristes recherchaient d’éventuelles victimes sous des décombres, selon l’agence de presse Anatolie, qui mentionnait plusieurs véhicules totalement détruits par les explosions.
Condamnations
Le double attentat a été condamné par Washington et plusieurs capitales.
Le secrétaire d’État américain John Kerry l’a qualifié d’« horrible ». Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a demandé de son côté que « les coupables soient rapidement identifiés et traduits en justice ».
Le président français François Hollande a exprimé « sa solidarité avec le peuple et les autorités turcs ». « Nous nous tenons aux côtés du peuple de Turquie », a commenté de son côté le chef de la diplomatie britannique William Hague dans un message sur Twitter.
Panique
Les attentats ont provoqué la panique chez les habitants de Reyhanli et des groupes de jeunes ont pris à partie les ressortissants syriens présents dans la ville, contraignant la police à tirer en l’air pour disperser la foule, selon NTV.
Des milliers de Syriens fuyant les combats dans leur pays se trouvent à Reyhanli et dans le camp de réfugiés jouxtant la ville.
La Coalition nationale de l’opposition syrienne a dénoncé dans un communiqué une tentative par le régime de Damas de « se venger de la population turque et de la punir pour son honorable soutien au peuple syrien ».