Le carnaval est une tradition qui permet à chacun de se déguiser en un autre imaginaire, En Allemagne, cette tradition est très ancrée, et débute le 11 novembre pour finir le mercredi des Cendres, soit une période de trois mois. C’est lors des 6 derniers jours que les grandes villes organisent un défilé de chars qui s’inspire des tendances du moment, sur le mode de l’humour, du grotesque et de l’hénaurme. Le Rosenmontagzug, littéralement le « train de roses du lundi », est donc passé à travers les rues de Düsseldorf le 28 février 2017, avec ses inévitables caricatures politiques.
« Le blond est le nouveau brun »
On a eu droit cette année à un défilé un peu spécial, très politisé, et dans un sens assez unique, celui de la bien-pensance. Normalement, un défilé appartient au peuple, qui y fustige la dominance. Le carnaval est une soupape sociale. Dans les années 70 et 80, en France, les masques d’hommes politiques faisaient florès dans les défilés. On y voyait du Giscard, du Mitterrand, du Marchais, et même les braqueurs s’en étaient emparés. Mais à Düsseldorf, l’humour s’est transformé en inquisition politique, et en dénonciation du... populisme. Alors que le sentiment général est justement au populisme !
Curieux retournement. Le constructeur de char Jacques Tilly, interrogé par la télé locale, argue que le défilé « doit être politique », et vise désormais les représentants du « populisme de droite européen ». On rappelle que ni Geert Wilders aux Pays-Bas ni Marine Le Pen en France ne sont au pouvoir. Pourquoi ne pas avoir raillé les vrais dominants en poste, alors ? Un défilé populaire transformé en propagande contre les l’opposition populaire montante partout en Europe, voilà le triste sort laissé aux traditions en Allemagne.
Globalement, rien n’échappe à cette lame de fond oligarchique : tous les canaux médiatiques, que ce soit la télé, la radio, la presse ou même un carnaval, sont utilisés pour remettre le peuple sur la bonne voie. Un défilé de chars représentant Donald Trump en sodomanique de la Liberté, ce ne sera peut-être pas suffisant.
- Visiblement, la tradition de l’inversion accusatoire fait des petits...
- L’Angleterre se suicide au Brexit
- La démocratie dévorée par les méchantes chenilles...
- Quand l’Allemagne donne des leçons de démocratie à la Pologne...