Le Président de Radio France est jugé pour « favoritisme » pour des contrats passés lorsqu’il dirigeait l’Institut national de l’audiovisuel.
Onze heures d’audience, de treize heures à minuit... Le procès de Mathieu Gallet, jeudi 16 novembre au tribunal correctionnel de Créteil, a été l’occasion de longs débats techniques auxquels le président de Radio France a assisté, assis sur sa chaise, face au juge, avant de venir à la barre pour donner sa version, vers 22 heures. C’est en tant qu’ancien Président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) qu’il était jugé pour « favoritisme », soupçonné d’avoir commandé plus de 400 000 euros de prestations à deux sociétés de conseil sans avoir respecté les règles des marchés publics. Des faits pour lesquels le parquet a requis dix-huit mois de prison avec sursis et 40 000 euros d’amende.
L’ambiance a souvent été glaciale entre la procureure de la République de Créteil, Amélie Cladière, et les avocats de Mathieu Gallet, qui ont demandé l’annulation de la procédure car la procureure était « partiale ». Un point que devra trancher le tribunal.
Sur le fond, l’audience a notamment révélé un choc des cultures : d’un côté, l’habitude, courante dans le secteur privé, d’avoir recours à des consultants extérieurs pour mener des audits stratégiques, accompagner des projets ou dispenser des conseils en communication. De l’autre, le souci de la dépense de l’argent de l’État, avec notamment les procédures de marchés publics.
« Avant mon arrivée à l’INA, je n’avais jamais été confronté à ces questions de marché public, a ainsi assuré Mathieu Gallet. C’était quelque chose qui m’était totalement inconnu. » L’INA est un établissement public dont le budget provient pour 90 millions d’euros par an environ de la redevance audiovisuelle et pour 40 millions d’euros de recettes commerciales.