Il y a encore des chrétiens qui ignorent la signification du dimanche de Pâques. Le dimanche de Pâques vient après le vendredi saint, qui est celui de la crucifixion. Il célèbre la résurrection du Christ : car au troisième jour après son agonie, son tombeau, scellé par une lourde pierre, est retrouvé vide. L’histoire s’emparera de cet événement pour en faire la résurrection.
Qui était Jésus ? C’est probablement le personnage le plus connu de l’humanité, mais il reste mal connu. Car les Écritures qui le décrivent et qui rapportent sa parole ont été écrits au premier siècle après sa mort. Mais elles charrient suffisamment de matière pour qu’on se fasse une idée de l’homme, ou du Fils de l’Homme, comme il aimait à s’appeler.
Il est probable que ses apôtres n’ont pas compris grand chose à ce qui leur arrivait. C’était tellement énorme, un homme, venu de nulle part, c’est-à-dire d’une famille pauvre de chez pauvre, qui tient tête au pouvoir religieux de l’époque, qui le remet en question, et qui annonce des temps vraiment nouveaux avec une doctrine non plus communautaire, mais universelle. Un big bang absolu dans l’histoire de l’humanité. La suite prouvera que ce Jésus était plus qu’un homme.
Aujourd’hui, il reste du message du Christ qui a imprégné les hommes un corpus de valeurs qui font que la vie est devenue plus vivable sur terre. Pas encore pour tout le monde, mais ça viendra, on l’espère. Les Évangiles sont un enseignement, une philosophie pratique qui permet de prendre l’Autre en compte, de ne pas ignorer sa souffrance, et de relier les hommes entre eux. Naturellement, ça peut heurter – et ça heurte – les stratégies de pouvoirs qui sont quasiment toutes basées sur la séparation des individus, horizontalement et verticalement. C’est là que le message du Christ est le plus fort : il brise cette manipulation.
Certes, tous les hommes ne sont pas chrétiens, mais tous les hommes ne sont pas antichrétiens non plus : ils se rendent compte que la vie peut devenir meilleure (pour paraphraser Staline) en appliquant la simple notion d’Amour. L’amour est donc quelque chose de très subversif, et qui l’est encore plus depuis que les pouvoirs contemporains, avec leurs outils sophistiqués de domination et de séparation, ont les moyens d’asservir les foules.
La foule, parlons-en : c’est elle qui a réclamé à Pilate la tête du Christ, ayant eu à choisir entre un jeune prophète et le truand Barabbas. Ce qui est après tout logique : les pouvoirs ont plus à craindre d’un prêcheur de vérité et de réconciliation que d’un truand qui sème la peur et la méfiance entre les hommes...
Dans l’histoire de cet homme, tout est fort car tout est symbolique, et cette charge n’a jamais perdu de sa puissance.