En ce dimanche de Pâques, Hadrien, Anne-Flore, Victor et Colombe, quatre « cathos » âgés de 15 à 30 ans, ont accepté d’évoquer leur foi. Portraits.
Ils sont jeunes, ils croient en Dieu, ils prêchent sans compter la bonne nouvelle. Et surtout, ils se démarquent au sein d’un clergé très grisonnant et d’une communauté hexagonale de millions de fidèles vieillissante. En ce dimanche de Pâques, Hadrien, Anne-Flore, Victor et Colombe, quatre « cathos » âgés de 15 à 30 ans qui ont accepté d’évoquer leur foi et leur parcours parfois éloigné des clichés, vont partager la « joie du Christ ressuscité ».
Le pape François compte beaucoup sur ces figures engagées qui incarnent l’Église de demain. En octobre au Vatican, un synode (assemblée d’évêques) leur sera consacré. L’ex-cardinal de Buenos Aires dont le dernier ouvrage sorti il y a mois s’intitule Dieu est jeune, vient aussi d’appeler la jeunesse du monde entier à « oser », à « prendre des risques » et à aider les chapelles à se rajeunir à l’heure, notamment, de la crise des vocations. « Nous avons besoin de vous, les jeunes, pierres vivantes d’une Église au visage jeune mais pas lifté », a-t-il martelé. Portraits de quatre d’entre eux.
Hadrien, 23 ans, le séminariste
Hadrien, 23 ans, en première année au séminaire à Paris, se remet sans cesse en question. « J’ai posé des fondations solides, je sais où je veux aller. Mais je sais aussi que le chemin est long. Alors j’ai un peu de mal à me projeter comme prêtre », concède-t-il. Il lui arrive d’avoir « peur de ne pas être à la hauteur ». « J’ai l’impression que la charge est immense. Je me demande souvent : est-ce que j’en serai vraiment capable ? Et si un SDF a besoin d’aide mais que je suis fatigué, est-ce que j’aurai la force de faire le pas de plus pour montrer l’exemple ? », confie le candidat au sacerdoce.
Il lui reste au moins 5 ans de formation pour répondre à toutes ses interrogations. Ce qui est sûr, c’est qu’il y croit. « Depuis que je suis tout petit, je ressens en moi cet appel de Dieu à vivre avec lui », résume-t-il. Ce matin, il sera, un cierge dans la main, dans le chœur de l’église Saint-Séverin à Paris pour « fêter l’amour du Christ, sa victoire sur la mort ».
Même si « Jésus a toujours compté » pour lui, le jeune homme originaire de Massy (Essonne) n’a été baptisé qu’en 2014. Une démarche très personnelle, avec cette volonté de « ne pas brader » le sacrement. Ses parents ingénieurs, « de culture chrétienne », n’ont jamais été de fervents pratiquants. « Mais enfant, il m’est arrivé de voir ma maman brûler un cierge ou d’aller au cimetière pour nettoyer les tombes », se remémore-t-il. C’est durant ces moments-là qu’il ressentait cet étrange « appel de Dieu ».
Après une année en fac d’histoire à la Sorbonne, il a décidé de « réorienter » son cœur, de se « projeter vers les autres ». D’abord lors d’un service civique aux côtés de personnes handicapées avant de prendre le chemin du séminaire. « Ce choix a un peu surpris mes parents mais ils m’ont dit : Si c’est ça que tu veux… », relate-t-il. Il étudie désormais l’Ancien et le Nouveau Testament, la philosophie de Platon ou Nietzsche…
Entre deux cours au collège des Bernardins, il assure le catéchisme des enfants du cm2. Et encense la fraternité, le dialogue interreligieux, lui qui a grandi en banlieue et qui avait « plus d’amis musulmans que chrétiens ». Parfois, ces valeurs sont malmenées par la haine, par les attaques terroristes islamistes. « Je le vois avec mon propre cœur, ça peut générer une envie de repli. Mais pour avancer, il ne faut pas vouloir la vengeance. J’ai découvert dans le message chrétien l’importance du pardon des ennemis », souligne-t-il.
Il a conscience également qu’un fossé s’est creusé entre une bonne partie des citoyens et certains catholiques sur des thèmes comme l’homosexualité ou l’avortement. « La fracture, elle vient du fait qu’on n’arrive pas à s’écouter », analyse-t-il. Sans pour autant rompre avec la doctrine, il préconise l’approche au cas par cas. « Les dogmes sont le fruit de siècles de réflexion. L’Église est exigeante pour faire grandir les fidèles. Mais il y a une nuance entre ce qu’elle peut dire et ce que l’on peut faire. Le message, c’est que Dieu aime chacun de nous », loue-t-il.
Sœur Anne-Flore, 30 ans
Un gamin qui participe à ses opérations de soutien scolaire dans le quartier défavorisé de Lille Sud (Nord) lui a fait un jour une drôle de remarque : « Mais vous êtes trop jeune pour être sœur ! » Sœur Anne-Flore, 30 ans est pourtant bel et bien religieuse, membre de la congrégation des Sœurs salésiennes de Don Bosco. Elle a fait sa profession, ses premiers vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance le 5 août dernier.
« J’ai trouvé ce qui me manquait, je suis encore plus heureuse », s’émerveille celle qui s’investit dans l’aide aux devoirs et l’aumônerie des collégiens. « Ma jeunesse me permet de casser des clichés. Pas de mettre le bazar mais de faire entendre autre chose », décrit-elle.