L’humoriste controversé Dieudonné a été condamné jeudi 10 septembre à 10 000 euros d’amende pour avoir tenu des propos racistes en juin 2017 dans le cadre d’un spectacle tenu au Bal des quenelles, a indiqué le parquet de Chartres.
Suivant les réquisitions du parquet, le tribunal a estimé que le terme « gang des pyjamas de Cracovie », en référence à la tenue portée par les déportés juifs à Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale et employé le 17 juin 2017 lors d’un spectacle joué à son domicile d’Eure-et-Loir, était « injurieux à l’égard des juifs victimes de l’Holocauste ». Le tribunal a également condamné le polémiste à verser 8 000 euros à chacune des deux associations qui s’étaient constituées parties civiles, l’association du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, et l’association Ben Gourion.
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Le coauteur de Dieudonné entendu par la justice suisse
Le Ministère public [suisse] poursuit son instruction dans l’affaire Dieudonné. Selon nos renseignements, le coauteur d’un des sketchs, à l’origine de la mise en prévention de l’humoriste, a été entendu par vidéoconférence lundi dans le cabinet du premier procureur Stéphane Grodecki. Cette audition intervient dans le cadre d’une demande d’entraide adressée par la Suisse à la France.
Témoin condamné pour meurtre
Rappelons que Dieudonné est prévenu notamment d’avoir tenu des propos antisémites lors d’un spectacle donné en 2019 à Nyon et à Genève. Ce printemps, la Tribune de Genève révélait que son coauteur est un homme qui purge une peine de prison en France pour meurtre.
Contacté alors par courrier, le prisonnier, qui se dit écrivain public, avait confirmé dans nos colonnes avoir collaboré à l’écriture d’un sketch dans lequel un personnage, joué par l’artiste, déclare que les chambres à gaz n’ont pas existé. Ces mots, prononcés par Dieudonné sur les planches, sortent de la bouche d’un personnage québécois, passager dans un avion en perdition, qui, pris de panique, s’écrie : « On est morts, le cheembre à goz n’a po existé. »
C’est donc l’auteur de cette tirade qui a été entendu comme témoin lundi depuis sa prison de l’île de Ré (La Rochelle). L’homme a confirmé purger, depuis 1998, une peine d’emprisonnement pour meurtre. Il affirme connaître Dieudonné depuis plus de vingt ans. Sans détour, il affirme écrire les passages sur les questions juives en invoquant notamment sa grand-mère morte dans les camps de concentrations et les vertus de l’autodérision destinée à dépasser le drame. Le détenu raconte aussi tester préalablement ses répliques sur sa mère. Si elle ne rit pas ou qu’elle ne comprend pas, il renonce à sa tirade. Il ajoute ne pas être payé pour sa collaboration avec Dieudonné.
Il n’a pas vu le spectacle
En audition, le témoin a critiqué les associations communautaires qui instrumentaliseraient le drame des juifs et s’en prennent aux révisionnistes. On pourrait y voir une pique à peine déguisée envers la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), qui a dénoncé Dieudonné à la justice. Le témoin soutient que le personnage joué par l’humoriste dans le spectacle n’est en fait qu’une caricature du juif critiquant lesdites associations. Le coauteur, qui n’a pas pu voir le spectacle, prétend vouloir sortir d’une approche victimaire. Il jure enfin que Dieudonné n’est pas antisémite. Pas plus que lui. Soutenir le contraire serait ordurier, conclut-il dans les grandes lignes.
Me Philippe Grumbach, avocat de la Cicad, réagit à cette audition : « Les propos tenus par cet individu procèdent d’un antisémitisme crasse et abject qui rappelle les périodes les plus sombres de l’histoire. Nous avons affaire à deux antisémites qui se défaussent l’un sur l’autre. »
Plainte de Dieudonné écartée
À noter que Dieudonné a lui même porté plainte contre un membre de la Cicad. Selon nos renseignements, le Parquet a rendu cet été une ordonnance de non entrée en matière car « la plainte a été déposée après l’échéance du délai légal ». Avocat de l’humoriste, Me Pascal Junod, qui estime que son client a été victime de diffamation, voire de calomnie, a fait recours. Mais son appel a été jugé irrecevable, faute d’avance de frais dans le délai imparti, l’humoriste étant en tournée, précise l’avocat : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir. Cela dit, je suis satisfait de l’audition du témoin qui relève la volonté de pratiquer un humour reposant sur l’autodérision et le refus de la victimisation. »
Source : tdg.ch