Interdit de théâtre, de salles de spectacles et de Zénith, Dieudonné en est réduit à se produire dans un bus. C’est original et ça ne décourage pas les spectateurs qui font la queue pour les deux représentations du soir, d’autres n’apprécient pas…
Le bus était plein hier à celle de 20h30, il y avait même des sièges pliants dans l’allée centrale. Ambiance bon enfant, public mélangé, diversifié, des femmes, des hommes, jeunes et moins jeunes. Avec un thème sur les Gilets jaunes, un Dieudonné qui le portait et une sono qui diffusait des bruits de manifestation, on s’y croyait. Le public est « dans le ventre de la baleine » et réagit au quart de tour à toutes les saillies du meilleur humoriste de France.
Par moment, on entend bien « antisémite ! », mais il ne vient à l’idée de personne dans l’assistance qu’il pourrait y avoir un autre spectacle à l’extérieur, sur l’aire de stationnement des bus. Il fait nuit et toutes les vitres sont occultées par des rideaux. Il y a bien un moment un peu d’agitation à l’avant, mais l’artiste ne se laisse pas déstabiliser et sait parfaitement gérer ces « figurants » intempestifs qui semblent faire partie du décor. À aucun moment le spectacle n’a été affecté et il est conduit sans encombre à son terme, du grand art. Il faut savoir faire preuve de sang-froid pour ne pas transmettre la tension à l’assistance.
C’est plus compliqué à la descente de rideau. Impossible de sortir avec cette horde de manifestants agressifs et insultants. Il faut presque en retenir certains qui organiseraient bien un pack pour dégager la sortie. « Liberté d’expression, non à la haine ! » contre le leitmotiv éculé « antisémite », difficile d’établir un dialogue dans ce contexte. La police (sans les grenades), puis un escadron de gendarmerie vont dégager le bus, mais il n’y a pas d’interpellation pour ce qui est une manifestation sans autorisation et une entrave à la liberté d’expression puisque le spectacle est autorisé.
Ces manifestants de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France, c’est écrit sur leurs panneaux) bénéficient d’une mansuétude toute particulière. Dans l’éternel combat du rire contre la haine, ce soir, le rire est resté vainqueur. Souhaitons qu’il le soit encore longtemps. Donc un spectacle à ne pas manquer, et qui se passe très bien de ces figurants qui s’en prennent au théâtre vivant. S’ils nous ont bien fait rire, sans Dieudo ils ne sont pas drôles.
Une question nous taraude après cette nouvelle victoire du Bien sur le Mal : les associations communautaires antifrançaises vont-elles interdire les transports en bus dans toute la France ?