L’historien était poursuivi pour des propos sur l’antisémitisme supposé des « familles arabes ». Le tribunal correctionnel de Paris l’a relaxé.
En octobre 2015, lors d’un débat sur France Culture, l’historien Georges Bensoussan dénonçait « un antisémitisme atavique qui est tu comme un secret » dans les milieux musulmans en France, en reprenant les propos d’un « sociologue algérien », Smaïn Laacher, qu’il citait en ces termes :
« Dans les familles arabes, en France, tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère. »
La citation n’était pas exacte ; Smaïn Laacher, Français par ailleurs, avait affirmé :
« Cet antisémitisme est déposé dans l’espace domestique (...), il est quasiment naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue. Une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de juif, toutes les familles arabes le savent. »
Quoi qu’il en soit, cinq mois plus tard, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a signalé les propos de Georges Bensoussan au parquet.
Le ministère public avait requis 1500 euros d’amende. De nombreux témoins ont été entendus par le tribunal correctionnel de Paris, parmi lesquels Alain Finkielkraut, qui a déclaré, toujours aussi modéré :
« Un antiracisme dévoyé vous demande de criminaliser une inquiétude, au lieu de combattre ce qui la fonde. Si le tribunal cède, ce sera une catastrophe intellectuelle et morale. »
Georges Bensoussan a été relaxé mardi 7 mars 2017. Dans son jugement, la XVIIe chambre considère que « les propos incriminés ont été tenus dans un contexte bien particulier [...] dans le feu de la conversation ». Par ailleurs, « l’infraction de provocation à la haine, la violence ou la discrimination suppose, pour être constituée, un élément intentionnel », et la caractérisation de celui-ci « se heurte au fait que Georges Bensoussan (...) n’a eu de cesse de déplorer cette constitution de deux peuples séparés (...) et d’appeler non pas à une séparation de la fraction supposée avoir fait sécession, à son rejet, son bannissement ou son éradication, mais au contraire à sa réintégration dans la nation française ». Ainsi, il « ne saurait lui être fait grief d’avoir suscité ou voulu susciter un sentiment d’hostilité ou de rejet à l’encontre d’un groupe de personnes et encore moins d’avoir explicitement appelé à la commission de faits précis à l’encontre de ce groupe ».
Le CCIF a annoncé son intention de faire appel.