Un bain de sang a été évité dans le train Thalys Amsterdam-Paris en début de soirée, vendredi. Des militaires américains ont réussi à maîtriser un homme lourdement armé qui s’apprêtait à tirer sur les passagers.
C’est vraisemblablement un massacre qui a été empêché de justesse, hier soir vers 18h dans le train Thalys Amsterdam-Paris. Des militaires américains sont en effet parvenus à neutraliser un homme armé qui venait d’ouvrir le feu, après avoir rechargé son arme dans les toilettes. C’est son attitude étrange dans les minutes qui ont précédé ainsi que les bruits parvenant des toilettes, qui auraient évéillé les soupçons des soldats.
Deux d’entre eux ont été blessés, l’un par balle, l’autre par arme blanche, mais leurs jours ne sont pas en danger. Le président américain Barack Obama a salué leur action « héroïque », qui a probablement empêché une « tragédie bien pire ».
La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé qu’elle se saisit de l’enquête « au vu de l’armement utilisé, du déroulé des faits et du contexte ». Le Premier ministre belge Charles Michel a parlé d’une « attaque terroriste ».
L’homme était fiché
Le suspect était monté à Bruxelles. Il a été interpellé peu après 18h en gare d’Arras, dans le Pas-de-Calais, où le Thalys a été arrêté. Selon les premiers éléments de l’enquête, il serait âgé de 26 ans, marocain ou d’origine marocaine, et faisait l’objet d’une fiche des services de renseignements. Le journal Le Monde précise que la fiche S, pour « sûreté de l’État », vise les personnes ayant notamment des liens avec le terrorisme mais qui ne sont pas forcément surveillées.
L’homme aurait vécu en Espagne et aurait été signalé par les services de renseignement espagnols à leurs confrères français. Des sources de l’unité antiterroriste espagnole ont indiqué que ce jeune, qui apparaissait dans les registres comme radical, « a résidé » en Espagne pendant un an, jusqu’en 2014. Il se serait ensuite établi en France, selon le quotidien espagnol El Pais, qui ajoute que d’après les mêmes sources, l’auteur de l’attaque a ensuite voyagé en Syrie, avant de retourner peu après vers l’Hexagone.
Le quotidien belge Le Soir indique que « si son identité est confirmée, cet homme aurait été fiché par les services belges comme étant en relation avec des filières terroristes récemment démantelées en Belgique dans la foulée du démantèlement du réseau de Verviers ». Le jeudi 8 janvier, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, la police belge avait tué deux islamistes et arrêté un troisième, sur le point de commettre des attentats, lors d’une opération antiterroriste à Verviers, une commune considérée comme un foyer de la radicalisation islamiste.
L’auteur des tirs était en possession d’un fusil d’assaut Kalachnikov, d’un pistolet automatique, de neuf chargeurs et d’un cutter, selon une source policière. Il a été maîtrisé par deux militaires américains qui l’auraient entendu recharger une arme dans les toilettes.
La gratitude de la France
Un troisième militaire américain, qui lui n’a pas été blessé, à participé à la neutralisation du tireur, selon une source proche de l’enquête.
Le militaire blessé par balle a été héliporté à l’hôpital de Lille. La deuxième victime, blessée par un coup de cutter au niveau du coude, souffre également d’une fracture au doigt, a été hospitalisée à Arras.
Le président français François Hollande a annoncé avoir appelé le Premier ministre belge pour convenir avec lui de « coopérer étroitement » dans l’enquête. Le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve a salué ces Américains « particulièrement courageux » et le Premier ministre français Manuel Valls leur a exprimé toute sa « gratitude ».
Les passagers du Thalys, filiale de la SNCF, ont été pris en charge dans un gymnase tout proche de la gare d’Arras. Les premiers témoignages ont pu être recueillis dans cet abri improvisé. Le journal Le Monde s’en est fait l’écho : « Le bip de l’alarme a sonné pendant environ une minute trente vers 17 h 30 alors que le train roulait au ralenti puis la rame s’est arrêtée », explique un des passagers installé juste à côté de la rame où a eu lieu le drame. « Depuis la fenêtre, j’ai alors vu des gens sauter du train, se mettre en boule sur le bas-côté », raconte un Néerlandais. Anthony, un Australien en voyage avec sa fille, a également vu l’un des blessés qui demandait un kit de premiers secours. « Mais le personnel de bord n’était pas là, le seul réflexe des gens a été de courir dans le côté opposé, dans ces moments-là, on ne se pose pas de questions ».
Une fois tous les passagers conduits vers le gymnase, les démineurs ont alors minutieusement fouillé le train pour vérifier qu’il ne contenait pas de bombe.
Les identités des 554 passagers du train Thalys ont été vérifiées et leurs bagages fouillés. Les passagers ont ensuite été acheminés à Paris, tard dans la nuit.
Le 7 janvier, des attentats ont visé la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo et le supermarché parisien Hyper Casher, faisant 17 morts. Depuis, un plan de lutte antiterroriste a été mis en place dans tous les lieux publics et considérés comme sensibles en France.
Par la suite, plusieurs attentats ont été déjoués sur le territoire français, selon les autorités. Celles-ci ont notamment cité un projet d’attaque contre un site militaire dans le sud de la France.