Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Podgorica pour réclamer la démission du premier ministre monténégrin Milo Djukanovic, et des heurts ont opposé des manifestants et la police antiémeute, pour la troisième fois en une semaine.
La police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les protestataires, rassemblés à l’appel de l’opposition devant le Parlement, dans le centre de la capitale monténégrine.
Quinze policiers ont été blessés dans les affrontements, dont l’un grièvement, et 24 manifestants ont demandé une aide médicale, la plupart en raison de malaises causés par le gaz lacrymogène, a déclaré à des journalistes le ministre monténégrin de l’Intérieur, Rasko Konjevic.
Le parlementaire Andrija Mandic, l’un des organisateurs du rassemblement, a été interpellé, a ajouté le ministre sans donner de précisions.
Les manifestants ont lancé des bombes incendiaires et des pétards sur les policiers antiémeutes qui gardaient le Parlement, tentant de rompre le barrage et d’entrer dans l’édifice, et c’est alors que les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène pour les repousser, a rapporté une journaliste de l’AFP.
Des policiers et des manifestants, dont certains étaient masqués et avaient un comportement violent, se sont affrontés en plusieurs endroits dans la soirée, a déclaré le ministre de l’Intérieur.
La police a rétabli l’ordre au bout d’une heure, et dans la nuit des véhicules blindés patrouillaient dans Podgorica.
Auparavant, des milliers de personnes - jusqu’à 6000 selon la police - ont scandé « Milo voleur ! » et « Il est fini ! » devant le Parlement à l’appel du principal parti de l’opposition monténégrine, le Front démocratique (droite).
Ils ont une fois de plus demandé la tenue d’« élections anticipées, libres et honnêtes » organisées par un gouvernement de transition qu’ils souhaitent voir remplacer M. Djukanovic, qui est au centre du pouvoir monténégrin depuis 1990.
Les élections législatives sont normalement prévues pour le début de 2016.
« Plus de 25 ans au pouvoir, ce serait trop quand bien même (M. Djukanovic) serait le Mahatma Gandhi et non pas le voleur qu’il est », a dit un manifestant, Raso, un chômeur âgé de 30 ans.
« Milo Djukanovic nous a volés, il n’y pas d’emplois, il a détruit ce pays », a déclaré à l’AFP un autre protestataire, Goran, un retraité.
Plusieurs centaines de policiers antiémeutes avaient été déployés devant et aux alentours du Parlement.
M. Djukanovic a rejeté les appels à sa démission et a proposé de convoquer des élections anticipées après un sommet de l’OTAN prévu en décembre prochain et au cours duquel le Monténégro devrait être invité à entrer dans l’Alliance atlantique.
Le premier ministre a accusé l’opposition de tenter d’empêcher l’entrée du pays dans l’OTAN, à laquelle elle est hostile. Il s’est dit convaincu que la Russie, dont les relations avec l’OTAN sont particulièrement tendues depuis la crise en Ukraine, était derrière les manifestations au Monténégro.
« Jamais dans l’OTAN », proclamait une pancarte tenue par un manifestant samedi. Mais d’autres protestataires ont minimisé cette question. Le rassemblement ne porte « pas sur l’OTAN ou sur la Russie, mais sur la pauvreté » dont souffre la population, a déclaré l’un d’eux.
La semaine dernière, la police avait déjà utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des dizaines de protestataires qui campaient depuis trois semaines devant le Parlement pour réclamer la démission du premier ministre.
Et le 18 octobre, des manifestants avaient lancé des pierres et du gaz au poivre contre la police, qui avait répliqué avec du gaz lacrymogène.
M. Djukanovic, 53 ans, qui règne sans partage sur le Monténégro depuis 25 ans, est devenu après les élections législatives d’octobre 2012 premier ministre pour la sixième fois depuis 1990.
Il a également été président du Monténégro de 1998 à 2002.