Afin de « lutter contre les stéréotypes pour faire reculer les discriminations punies par la loi », les académies de Nice et de Nantes ont regorgé d’imagination perverse. Les élèves doivent – entre autres « exercices » – aiguiser leur jugement en matière de recrutement.
Leur est ainsi proposé de choisir l’une des cinq candidatures postulant pour l’emploi de « vigile au supermarché de Béziers ». Béziers… Un hasard, certainement… Passons. Voici les profils présentés :
Sylvain Ebon, 65 ans, retraité aux faibles revenus dont la femme est hospitalisée ; il connaît tout le monde dans le quartier et réciproquement, joueur de belote au Bar des Amis, porteur d’une prothèse de hanche.
Gaspard Adrat, 30 ans, ancien chasseur parachutiste étant intervenu en Afrique et au Moyen-Orient. As du camouflage, il maîtrise différentes armes dont la kalachnikov. Il affirme « repérer les voleurs, souvent jeunes, mal habillés, drogués et malpolis, parfois d’origines étrangères ».
Igor Busier, 20 ans, né au Maroc, tout juste naturalisé, aux origines slaves, il doit travailler pour financer ses études d’architecte. Il est timide – mais l’uniforme l’aidera – à imposer « présence et autorité », mesure 1,55 m pour 45 kg, il aime « les volumes et la lumière » et, cerise sur le loukoum, il « parle couramment le russe ».
Vincent Froi, lui, a 41 ans, longtemps SDF, il a fait de la prison pour vol en bande organisée mais il veut se réinsérer. Entre autres sports, il pratique le yoga, n’a pas de compétences particulières sauf celle d’aider les plus démunis.
Isabelle Komtou, au RSA, mère de famille monoparentale, ex-maître chien et ex-assistante maternelle, elle aime la télévision et le crochet, elle pèse 145 kilos. Beau-frère gendarme, gendre pompier.
Choix de la ville, des noms et prénoms, profils irréalistes aux arguments fantaisistes ou rédhibitoires, on en rirait à gorge déployée si l’on ne percevait d’emblée le but poursuivi par l’Éducation nationale : d’abord, amener les élèves à éliminer rapidement la seule personne d’évidence compétente pour le poste – le Français de souche ancien parachutiste, un fou furieux bourré de préjugés racistes – et, par la suite, orienter leur choix en fonction de critères idéologiques et émotionnels, et non plus en fonction des compétences professionnelles – dont aucun des quatre autres candidats n’est pourvu.
Ensuite, toujours sur une base idéologique, les entraîner à établir des amalgames, les bons et les mauvais, ces derniers parfaitement illustrés par la mère au foyer passant son temps devant la télé et par Vincent Froi, ex-taulard, ex-SDF et… Français de souche.