Accusé par Mediapart d’avoir travaillé pour des laboratoires pharmaceutiques quand il était inspecteur des affaires sociales, Aquilino Morelle vient de démissionner.
Le conseiller politique de François Hollande, Aquilino Morelle, avait pourtant démenti jeudi tout « conflit d’intérêts » après avoir été mis en cause par le site d’information Mediapart sur ses liens avec les laboratoires pharmaceutiques alors qu’il était inspecteur à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). « À aucun moment je n’ai été en situation de conflit d’intérêts », déclare Aquilino Morelle, également chef du Pôle communication de l’Élysée, dans un long droit de réponse à Mediapart publié sur sa page Facebook.
Rappelant qu’il est « docteur en médecine, ancien interne des hôpitaux de Paris et ancien élève de l’ENA » mais aussi « inspecteur général des affaires sociales », Aquilino Morelle assure avoir « respecté toutes les règles et toutes les procédures, en particulier le passage devant la Commission de déontologie » de la fonction publique d’État. « En tant que fonctionnaire, un certain nombre d’activités annexes sont autorisées par la loi, dont l’enseignement et le conseil », fait encore valoir ce proche de François Hollande accusé par le site d’avoir « travaillé en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques, y compris à une époque où il était censé les contrôler », en tant qu’inspecteur de l’IGAS.
30 paires de chaussures de luxe
« Ces activités ont dû être déclarées à l’IGAS », croit se souvenir le conseiller politique de François Hollande qui indique toutefois ne pas avoir « retrouvé la trace de cette démarche en dépit de (ses) recherches » et invoque « des faits anciens ». Selon Mediapart, une autorisation a bien été délivrée à l’époque à Aquilino Morelle par l’IGAS mais elle ne portait que sur des cours à l’université.
« Aucune autre autorisation n’a été retrouvée » pour cette collaboration avec le laboratoire, assure le site d’Edwy Plenel. Le site évoque également le train de vie du conseiller politique de François Hollande, comme ses « 30 paires de souliers de luxe faites sur-mesure » qu’il fait cirer tous les deux mois dans les locaux du palais présidentiel faisant même « privatiser » à cette fin un salon de l’hôtel Marigny voisin.
Il pointe aussi ses deux chauffeurs « mis à sa disposition... et à celle de ses proches » dont « son fils pour des activités personnelles dans le XVe arrondissement » ou ses secrétaires priées « de s’occuper de ses affaires personnelles, par exemple quand il a un souci avec un de ses nombreux locataires ». « Il est exact que mon emploi du temps extrêmement chargé ne m’a pas toujours permis d’aller moi-même chercher mon fils le lundi soir, à 19h30, à la sortie d’un enseignement », concède Aquilino Morelle. « Il en va de même pour certaines questions personnelles, que mon secrétariat m’a proposé avec gentillesse de me décharger, de façon ponctuelle », ajoute-t-il.
La « République exemplaire »
A l’Élysée, Aquilino Morelle vaita pris du poids dans la garde rapprochée de François Hollande au lendemain de la gifle des municipales alors que le secrétaire général de la présidence, Pierre-André Lemas, était congédié. Ancien directeur de campagne d’Arnaud Montebourg, le conseiller politique du président avait été la plume de Lionel Jospin quand Manuel Valls était le communicant de l’ancien Premier ministre socialiste. Il s’était ainsi profilé comme le trait d’union entre l’Élysée et Matignon.
Mais l’affaire n’est pas du goût de tous, autour du chef de l’État. L’un jugeait ce vendredi matin « compliqué qu’il le garde ». Même si « légalement, on ne peut rien lui reprocher » sur son comportement à l’Élysée, il en va autrement « politiquement et moralement » alors que le gouvernement vient d’annoncer aux Français qu’ils devraient se serrer encore la ceinture, observe-t-il.
« Beaucoup se demandent où est la république exemplaire », slogan de campagne de François Hollande, ajoutait un autre qui estime que « dans le contexte actuel, le président ne peut pas prendre le risque de le garder ». « Vous ne pouvez pas geler les prestations sociales des Français et avoir autant de paires de chaussures », grinçait un troisième.
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