Près de 500 policiers ont défilé dans les rues de Paris, jeudi 20 octobre, pour crier leur colère et tenter d’obtenir un rendez-vous au ministère de l’Intérieur.
[...] Bravant leur devoir de réserve, des policiers ont défilé dans les rues de la capitale, jeudi 20 octobre, pour une quatrième soirée de manifestation consécutive. « C’est très étrange de se retrouver là, je ne ne suis pas un manifestant à la base, mes opinions, je les garde pour moi. Mais là, il y a un trop-plein », confesse Samir, 29 ans. Un trop-plein qui a débordé le 8 octobre, avec la violente attaque au cocktail molotov contre quatre policiers à Viry-Châtillon (Essonne).
« Ils nous filent des chaussures, tu galères à courir avec »
Pêle-mêle, cet agent de la police aux frontières dénonce un « climat d’insécurité », « des zones de non-droit où notre hiérarchie nous dit de ne pas aller », un manque d’effectif, des problèmes de matériel… Quelques mètres plus loin, deux jeunes collègues développent : « Quand on démarre, pour bien s’équiper, il faut débourser 200 à 300 euros de notre poche », assure le premier. « Ils nous filent des chaussures, tu galères à courir avec alors qu’en face ils sont en basket », embraye le second.
La manière de faire leur travail ne leur convient pas non plus. « Il y a toujours cette politique du chiffre. On nous demande d’éviter certaines zones sensibles, et de verbaliser du tout-venant pour faire du chiffre », reprend le premier. [...]
À 22 h 30, le cortège s’ébranle en direction de l’Arc de triomphe, où un « hommage » sera rendu au soldat inconnu. « Cazeneuve, t’es foutu, la police est dans la rue », « policiers en colère, policiers en colère », « la racaille en prison, la racaille en prison », scande la foule, entre deux Marseillaise et un « Ahou ». Les fenêtres qui s’ouvrent avenue Kléber et la coupe de champagne levée à la terrasse de l’hôtel Peninsula sont accueillies par de vibrants « Citoyens, avec nous ». [...]
Crâne rasé, le verbe haut, un agent multiplie les déclarations. « On ne veut plus discuter, on ne veut plus des syndicats, on ne veut plus des politiques, maintenant, ils vont la fermer et nous écouter. C’est nous qui décidons, lâche-t-il, particulièrement déterminé, sous les applaudissements de la foule. Vous les journalistes, vous donnez la parole aux politiques qui vous bernent toute l’année. »
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Un policier français crie son malaise :
« J’ai le même gilet pare-balles depuis 8 ans »
Voitures « en ruine », manque d’effectifs sur le terrain, gilets pare-balles hors d’âge : parce qu’il en a lui aussi « ras-le-bol » des conditions d’exercice de son métier, Antoine, brassard rouge « police » au bras, s’est joint jeudi soir aux près de 500 policiers une nouvelle fois rassemblés à Paris.
Cet agent de police d’une trentaine d’années en poste dans la capitale, qui ne donne pas son vrai prénom, brave son devoir de réserve pour crier son malaise. L’attaque aux cocktails Molotov contre des collègues à Viry-Châtillon (Essonne), le 8 octobre, a été le déclencheur de ce mouvement de grogne, qui place le gouvernement sur la défensive et a dépassé les syndicats.
« Les syndicats ne pensent qu’à leur gueule, ils font leur guéguerre entre eux, de la politique, c’est pour ça que le pouvoir panique : cette-fois il ne peut pas leur donner un truc pour nous calmer », explique-il au milieu de ses collègues rassemblés sur l’esplanade du Trocadéro avant de partir en cortège sauvage une nouvelle nuit vers les Champs-Élysées.
Pourtant ce qu’il faut, ce sont des moyens. « Le matériel, c’est n’importe quoi », lâche-t-il. « J’ai le même gilet (pare-balles) depuis 8 ans, les plaques bougent, j’ai fait une demande pour le changer en janvier, j’attends encore. Il y a deux gilets neufs par commissariat pour les mecs qui font la garde statique devant. Les autres gardent leurs vieux gilets », détaille-t-il.
Personne en patrouille
Quant aux voitures de fonction, « elles ont des problèmes d’embrayage, elles partent en ruine ». Après l’attaque de Viry-Châtillon, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé que les véhicules seraient dotés de filtres anti-caillassage, voire de blindage.
Une annonce qui est loin de convaincre Antoine : « Déjà quand on est deux, la voiture n’avance pas, alors ajoutez-y un blindage... Et puis ça revient à dire aux mecs qu’ils peuvent nous caillasser, on est blindés. »
Les tenues ignifugées, également promises par Manuel Valls ? « Au bout de cinq lavages elles ne le seront plus », croit-il savoir.
L’état des locaux n’est selon lui pas meilleur : « Allez voir le commissariat du VIIIe, ils mangent avec les souris, les chiottes sont à la turque. »
Mais c’est surtout le manque de moyens sur le terrain qui exaspère Antoine. « On retire des gars du terrain pour rédiger des plaintes, il n’y a plus personne en patrouille et après on s’étonne », dénonce-t-il, en réclamant la fin des gardes statiques devant les bâtiments car « c’est pas notre boulot, pendant ce temps-là on ne fait pas d’anticriminalité ».
À la suite des attentats de 2015, le gouvernement français a doté policiers et gendarmes de fusils d’assaut, de nouvelles voitures, des moyens qui ont principalement bénéficié aux services spécialisés aux dépens des policiers de la sécurité publique.
Défendant les efforts du gouvernement, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a rappelé mercredi qu’une « hausse de 15% des crédits » d’équipements du ministère était décidée pour 2017 et souligné que 6 300 postes avaient été créés depuis 2012, 2 700 supplémentaires venant s’y ajouter l’an prochain.
Pour répondre aux revendications des policiers, le ministre a également annoncé des « concertations » d’ici décembre avec les fonctionnaires de police sur la question des dotations ou encore des travaux immobiliers.
(Source)
Les chauffeurs de taxis se sont montrés solidaires des policiers :
Les gendarmes ont tenté de bloquer la progression des policiers vers la place Beauvau :
Mercredi 19 octobre, le Front national publiait une vidéo de soutien aux forces de l’ordre :
Mon message aux fonctionnaires de police : #JeSoutiensLaPolice pic.twitter.com/fvwAqq2aiN
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 octobre 2016
Mardi 18 octobre, le chef de la police nationale, Jean-Marc Falcone, était hué à la sortie d’une réunion à Evry, dans l’Essonne :