Dénoncer la dangerosité (fantasmée) de l’adversaire n’a jamais été un programme, et encore moins un socle philosophico-idéologique. C’est pourtant ce que fait la gauche de pouvoir, idéologiquement dévastée, depuis des décennies, dans tous les grands pays d’Europe.
La dénonciation d’une pseudo-extrême droite associée à l’échec programmé de la gauche de pouvoir a logiquement mené à une renaissance des nationalismes, ce pourquoi cette gauche de pouvoir avait été... mise au pouvoir par l’oligarchie. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup d’espoir que les peuples bafoués montrent leur appétence pour un nationalisme de gauche. Même si l’oligarchie cherche avec ruse à leur vendre un nationalisme de droite, c’est-à-dire libéral !
L'extrême droite : aperçu, non exhaustif, de sa présence en Europe #AFP pic.twitter.com/DOyU1rqq1n
— Agence France-Presse (@afpfr) 6 décembre 2016
Les peuples mettent toujours du temps à réagir aux ruses de l’oligarchie. Mais quand la conscience a pris, elle ne revient plus en arrière, c’est même sa définition : la mayonnaise ne rentre pas dans le tube.
Il est intéressant de lire l’analyse de Libé, journal passé sous la coupe libérale (il appartient au cavalier multimilliardaire Patrick Drahi), sur l’échec de la social-démocrate, autrement dit de la gauche libérale. Un enfant de 8 ans comprendrait que la gauche, la vraie, ne peut pas être libérale.
La gauche sans voix
La social-démocratie perd son dernier représentant de poids en Europe avec la démission de Matteo Renzi. Si la poussée xénophobe sur le continent explique en partie la déroute de la gauche, celle-ci paye aussi le prix de ses compromissions libérales.
La gauche sans voix
Il a joué, il a chuté. Avec la démission du président du Conseil italien, Matteo Renzi, après la nette victoire du non au référendum institutionnel qu’il avait mis sur la table, la social-démocratie européenne perd son poulain le plus frais – élu en février 2014. Et son dernier dirigeant de poids sur le continent alors que François Hollande a, lui, renoncé sous la contrainte sondagière à briguer un second mandat. Sans préjuger de l’avenir de Renzi, son revers est la nouvelle démonstration d’une social-démocratie à tendance libérale décidément à l’agonie sur le continent. « Après le renoncement de François Hollande, ce vote participe de ce chant du signe du social-libéralisme européen », confirme Fabien Escalona, docteur en sciences-politiques et enseignant à Sciences-Po Lyon.
Faiblesse patente
Le score à un chiffre que certains sondages promettent à un Manuel Valls candidat à la présidentielle française – à un niveau similaire à celui de Hollande – témoigne aussi de cette faiblesse patente. Une réalité qui fait planer sur le PS français un risque de « Pasokisation ». La Grèce, en effet, après avoir été le berceau de la démocratie, apparaît depuis quelques années comme une forme d’avant-scène de la décomposition-recomposition des gauches européennes – en l’espèce au profit d’Aléxis Tsípras et de la gauche dite radicale même si elle aussi a dû apprendre le compromis lié à l’exercice du pouvoir.
À mesure que la vague xénophobe affirme ses positions électorales en Europe, c’est la social-démocratie qui recule en premier lieu. Avec en creux, la question du vote des classes populaires, le thème de la protection, de la souveraineté et donc du rapport à l’Europe. Le tout sur fond de discours anti-élites, anti-système, anti-« castes », quand il n’est pas plus grossièrement anti-musulmans.