Un reportage de 1972 sur Jacques Secrétin :
Jacques Secrétin, le pongiste français le plus titré, est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 71 ans.
« La FFTT (la Fédération française) a l’immense tristesse de vous annoncer la disparition de Jacques Secrétin », a écrit l’instance sur son compte Twitter. Elle a salué « le palmarès incroyable » du champion français.
Secrétin avait connu une longévité exceptionnelle en équipe de France, de 1962 à 1986. Il n’avait que 13 ans lors de sa première sélection. En 1976, Jacques Secrétin avait été sacré champion d’Europe en simple face au Soviétique Anatoli Strokatov. Il fut également médaillé d’or en double en 1980, associé à Patrick Birocheau, puis en double mixte et par équipes en 1984.
Aux Championnats du monde de 1977, Secrétin remporta l’or en double mixte, avec Claude Bergeret. C’était la première fois que l’équipe de France décrochait un titre mondial, 16 ans avant la victoire en individuel de Jean-Philippe Gatien. Aux Championnats de France, Jacques Secrétin fut titré à 61 reprises.
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En créant un « show » avec Vincent Purkart (un autre champion de France), Jacques Secrétin a largement contribué à populariser le tennis de table :
À lire, ce portrait de 2013 :
« Le ping-pong, c’est quand même pas le foot ou le basket. Alors quand les gens me disent : "Votre mari a été mon idole, il m’a fait rêver", ça m’impressionne toujours. » Cinq ans après leur union, Nathalie Greugny-Secrétin s’étonne encore. En 2000, au moment de leur rencontre, cette avocate ignorait tout de Jacques Secrétin. Elle s’est rapidement rendu compte qu’elle partage désormais sa vie avec une légende du sport français. « Des gens de tout âge l’abordent. C’est comme si chacun se rappelle l’avoir vu, un jour, quelque part. » Les uns se souviennent du champion d’Europe 1976, les autres ont assisté à son show avec Vincent Purkart (décédé en 2015), certains ont joué dans leur jardin sur une table et avec des raquettes siglées « Jacques Secrétin »... La palette est large.
Si à soixante-quatre ans, le pongiste se consacre principalement à sa vie de famille à Tourcoing, il promène toujours son allure svelte et ses éternelles moustaches dans les salles. Licencié au club de Lys-Lille Métropole (qui évolue en nationale 3 chez les hommes et en Pro A chez les filles), il est même encore classé (354e français). « Tant que j’aurai la santé, je tiendrai une raquette », affirme-t-il. Il court aussi la planète. Pas au point d’ajouter un huitième tour du monde à ses « six ou sept » précédents, mais tout de même. Pour la fédération internationale, il forme régulièrement, en Afrique et en outre-mer, des cadres sportifs à l’enseignement du tennis de table.
Détaché du ministère des Sports, il se rend aussi, depuis 2001, dans les prisons. Il y raconte son parcours et présente le diplôme d’animateur sportif qui peut éventuellement offrir un job aux détenus, à leur sortie. « Il faut que je transmette les richesses que j’ai pu recevoir, insiste le pongiste. Quand un détenu trouve un boulot, pour moi, c’est à chaque fois une victoire. Normalement, je suis en retraite à la fin de l’année, mais j’ai décidé de continuer encore trois ans. » Une autre raison justifie cet engagement. « À chaque fois, les quotidiens régionaux et France 3 relatent mes visites. Ce fut un bon moyen de parler du tennis de table pendant que l’équipe de France se reconstruisait. »
À sa manière, l’ancien gamin de Carvin, une cité minière du Pas-de-Calais, relaie les valeurs inculquées par son père. Directeur d’école et pongiste - comme sa femme et leur fille Simone -, Eugène Secrétin proposait en effet systématiquement l’activité à ses élèves, sur une table bricolée par ses soins. Jacques, pour qui « la plus belle médaille reste celle du fair-play en 1977 », a pris la relève. À six ans, il tient sa première raquette « de la main gauche ». À quatorze ans, pensionnaire de l’INS (aujourd’hui INSEP), il s’échine déjà à convaincre les autres athlètes que le tennis de table est plus qu’un loisir. « Moi, j’admirais les autres sportifs, et je ne comprenais pas pourquoi ils ne me respectaient pas. J’ai toujours eu ce besoin, peut-être à cause de mon petit gabarit (1,71m), de prouver que le tennis de table est un sport. Je leur laissais vingt points d’avance et ils gagnaient un match sur dix », se souvient-il.
Entretien avec Jacques Secrétin (2019) :
À la même période, ce phénomène de précocité (première sélection mondiale senior à quinze ans) constate que les athlètes dont parlent les médias sont ceux qui gagnent. Il délaisse alors un peu son penchant pour le beau jeu et se met à viser les médailles et les titres. Sa longue domination hexagonale et continentale l’érigera en ambassadeur de la France. À une époque où, toutes disciplines confondues, les sportifs tricolores ne trustent pas vraiment les podiums internationaux, le Nordiste est le premier à battre régulièrement les Chinois et Japonais, rois de sa discipline.
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Reportage de 1982 sur Jacques Secrétin en Chine :