Selon des témoins, lorsque Robert Benmosche, PDG de l’assureur américain AIG, a renoncé à poursuivre l’État fédéral dans l’idée de récupérer des dédommagements financiers – une procédure que des actionnaires le poussaient à engager –, il a eu ces mots : si sa firme suivait cette voie, elle deviendrait le « symbole de l’ingratitude et de la chutzpah des entreprises ».
Qu’est-ce que la chutzpah ? D’origine hébraïque, le terme est peu connu à Cheyenne ou Little Rock. Même à Omaha, au Nebraska, où Warren Buffett, premier investisseur privé mondial, tient boutique, il y a peu de chances qu’on n’en ait jamais pris connaissance. En revanche, le mot fait partie de l’« anglysddish » – dans le sens où Etiemble évoquait le « franglais » – un idiome forgé au fil de l’arrivée de générations d’immigrants juifs d’Europe orientale et qui s’est imposé dans le langage new-yorkais en général et en particulier dans la finance. À Wall Street, nul besoin d’être hébraïsant pour comprendre : la chutzpah, c’est le culot. Ou plutôt le culot monstre, outrageant, du mufle, de l’escroc ou du charmeur qui ne doute de rien. Utile précision : on prononce « houtzpeh », le « h » s’énonçant comme la « jota » espagnole.
À quelle chutzpah le patron d’AIG faisait-il référence ? Le Monde (daté 10 janvier), dans sa chronique « Pertes et profits », a narré comment Maurice (dit « Hank ») Greenberg, l’ex-PDG et fondateur d’AIG, attaque en justice l’État américain au motif que son plan de renflouement de l’assureur en faillite, en 2008, a spolié les actionnaires en imposant à la firme des remboursements à ses yeux exorbitants.
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