Dans le monde enchanteur du cinéma, il y a d’un côté la lumière qui attire les spectateurs et de l’autre l’ombre où tout se décide. Sous les projecteurs brillent actrices et acteurs, ces demi-dieux et déesses des temps modernes. Parfois même les réalisateurs. Dans l’obscurité ou le clair-obscur, loin du public en tout cas, il y a les producteurs, ces êtres mystérieux pour le profane, sans lesquels le cinéma n’existerait pas car ce sont eux qui financent les films.
Discrets, ces personnages n’en sont pas moins puissants. Très puissants. Dans Cadavres exquis dans le 7e art (J-M Laffont Editeur), Marie-Christine de Montbrial, productrice elle-même, brosse le portait de quelques-uns d’entre eux. Et non des moindres. Ce faisant, elle nous livre aussi une histoire du cinéma qui, rappellons-le, est à la fois un art et une industrie.
« Pouvoir, amour et argent ? Cigares, tapis rouge, stars au bras ? Sorte de banquiers un peu aventuriers ? Gestionnaires, mais aussi artistes ? Mais que font les producteurs ? » Dès le début de son livre passionnant, Marie-Christine de Montbrial attise notre curiosité avec toutes ces questions. Ses portraits lui permettent d’y apporter des réponses.
Hollywood
Il y a d’abord David 0.Selznick (DOS pour les intimes) l’homme qui a produit un film légendaire Autant en emporte le vent, « l’archétype du producteur indépendant à l’époque où le pouvoir était aux mains des grands studios de Hollywood », rappelle l’auteur.
En voyant et revoyant Clark Gable et Vivien Leigh sur l’écran, dans la violence de la guerre de Sécession, difficile d’imaginer ce qui se passa dans les coulisses ; le changement de réalisateur en cours de tournage par exemple. Selznic qui fit venir Alfred Hitchcock (qui l’appelait « le grand nabab du cinéma ») et Ingrid Bergman aux États-Unis.
Dans Cadavres exquis dans le 7e art, Marie-Christine de Montbrial évoque aussi le rôle de Lew Wasserman, cet agent, homme de pouvoir « à l’état pur », précise-t-elle, avant d’ajouter que pendant des décennies de règne, « Lew Wasserman ne va rien moins que changer le système, bousculer les règles des métiers du cinéma, inverser le rapport de forces des artistes face au studios, imaginer des contrats novateurs, faire et défaire des carrières, devenir producteur et découvreur de talents ». Wesserman, soutien du Parti démocrate mais qui avait pour ami Ronald Reagan l’acteur devenu président des États-Unis.
Producteurs à la française
Dans ce livre riche, il est aussi question de producteurs français. Plus proches de nous dans le temps et l’espace. À commencer par Gérard Lebovici, le fondateur de l’agence Art Média en 1972. Il fut l’agent de Jean-Paul Belmondo mais aussi l’ami de Guy Debord, le fondateur du situationnisme, le père d’un livre devenu célèbre La société du spectacle, l’homme secret qui a écrit que « le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images »...