La crise syrienne a été l’occasion pour le ministre des Affaires étrangères français de revenir sur le devant de scène.
Oublié depuis sa défaite aux primaires socialistes, il n’a jamais caché son mépris à l’encontre du président de la République. En tant que ténor du parti socialiste, il s’est vu attribuer le fauteuil du ministère des Affaires étrangères. Cette fonction prestigieuse ne le soumet pas moins à François Hollande. Dans la Ve République, les Affaires étrangères comme la Défense sont les domaines réservés du Président. Ce n’est pas Couve de Murville qui a marqué la diplomatie française, mais le Général De Gaulle. Il est évident que Laurent Fabius ne peut se satisfaire, ni de cette subordination, ni d’être relégué sur la scène publique française derrière les figures plus médiatiques du gouvernement actuel, comme Manuel Valls, Arnaud Montebourg ou Christiane Taubira.
Sa stratégie, pour exister, consiste donc à prendre lui-même les initiatives sur la Syrie, sans consulter le Président. François Hollande avait tenté au début d’adopter une ligne modérée, qui avait d’ailleurs été appréciée par Vladimir Poutine lors de sa visite à Moscou. En réponse, Laurent Fabius a adopté un positionnement exactement contraire, forçant le Président, par ses déclarations ahurissantes de violence et d’amateurisme, à lui courir après, pour ne pas avoir l’air de ne pas maîtriser les membres de son gouvernement, une fois de plus.
Laurent Fabius est responsable de la débâcle diplomatique de la France. Si la voie tracée par François Hollande lors de sa visite à Moscou avait été suivie, la France partagerait aujourd’hui avec la Russie les lauriers que mêmes les ennemis de Vladimir Poutine sont contraints de lui tresser. Au lieu de cela, la position de Laurent Fabius, et sa stupide dernière proposition de résolution, ont fait basculer la diplomatie française dans le ridicule. Laurent Fabius, qui souhaitait revenir au premier plan, est désormais tenu à l’écart par John Kerry et Sergei Lavrov. Seule la servilité des journalistes français lui permet d’avoir encore une faible visibilité nationale. Si un remaniement ministériel doit avoir lieu, le président français doit absolument changer son ministre des Affaires étrangères, pour reprendre la main sur l’une des prérogatives essentielles d’un président de la Ve République.
Élie Martin, 14 septembre 2013