Le président Mohamed Morsi, qui a déclenché une nouvelle crise politique en Égypte en passant le 22 novembre un décret qui interdit tout recours en justice contre ses décisions et contre la commission constituante, a annoncé un référendum sur son projet de Constitution prévu le 15 décembre.
Des milliers de manifestants se sont à nouveau réunis ce mardi 4 décembre, devant le palais présidentiel, au Caire. Des heurts ont éclaté et auraient fait fuir Mohamed Morsi de son palais d’après l’agence Reuters, qui cite un proche de la présidence. Les tensions sont donc de plus en plus croissantes entre M. Morsi, le pouvoir judiciaire et les manifestants, suite à ce texte qui a renforcé la polarisation du pays, encore instable près de deux ans après la chute de Hosni Moubarak.
Grève généralisée
Alors qu’un influent groupe de juges a refusé de superviser le référendum sur le projet de Constitution proposé par M. Morsi, la Haute Cour constitutionnelle égyptienne a entamé une grève illimitée le 2 décembre après que des manifestants islamistes aient entouré leurs locaux, les empêchant d’y entrer alors qu’ils devaient prendre une décision concernant le décret.
Les leaders de l’opposition ont condamné cette Constitution, estimant que sa base islamique pourrait menacer les droits de la femme et la liberté d’expression, et ont également critiqué l’assemblée qui ne représente pas selon eux tous les segments de la population après la démission de membres chrétiens et libéraux.
Plusieurs quotidiens indépendants et d’opposition égyptiens ont décidé de ne pas paraître, mardi 4 décembre, pour protester contre les articles concernant la presse et les libertés dans le projet de Constitution.
Quelle sortie de crise ?
Les forces d’oppositions laïques du pays maintiennent que le président doit faire marche arrière pour qu’une sortie de crise soit envisageable. « Le chef de l’État doit promouvoir la réconciliation nationale. Mais en insistant sur une action rejetée par une bonne partie des égyptiens, il fonde son pouvoir sur une force politique exclusive et marginalise les autres », affirme Moustapha Kamel el-Sayed, professeur d’université.
Sayed Sabah Abdallah, membre du Parti de la liberté et de la justice, branche politique des Frères musulmans, et soutien à M. Morsi, pense cependant que « les manifestants de Tahrir souhaitent faire tomber cette Constitution car ils savent que les Frères sont le parti politique dominant dans le pays et qu’ils emporteront avec une grande facilité les élections parlementaires prévues suite au référendum ».