Caroline Fourest, le visage totalitaire de la laïcité
Voici son portrait, dressé par Jean-Michel Diard dans le dernier numéro de Minute :
"Lors de ces dernières semaines de cathophobie frénétique, elle a été de tous les plateaux de télévision (ou presque), sans compter les émissions de radio, expliquant imperturbablement que c’était une oeuvre de salubrité publique de s’en prendre à Benoît XVI et à ses sbires, suppôts de l’intégrisme le plus obscur. Caroline Fourest a, en ces jours chahutés, gagné son auréole définitive de madone des bouffeurs de curés. A première vue, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession (même si elle n’en voudrait pas). Le visage est agréable, sans affèterie, le regard clair et la mise soignée. Pourtant, il y a quelque chose de terriblement austère dans ces cheveux courts et ce sourire difficile, presque pincé. Une beauté, sans aucun doute, mais une beauté froide et qui fait penser aux nonnes d’une certaine imagerie romantique. Mais l’image s’anime. Caroline Fourest ne s’énerve que très rarement, même quand elle parle avec véhémence. Tout est construit avec une rhétorique impeccable. Le discours est savamment articulé, d’une cohérence et d’une logique aux limites de l’insupportable. La réfutation n’est possible qu’en démantibulant patiemment un discours clos sur lui-même et dans lequel les approximations et les partis pris paraissent escamotés sous une objectivité en apparence inattaquable. En somme, un physique agréable et des talents oratoires hors pair qui font le bonheur des animateurs de radio ou de télé, et qui fascinent maint homme politique, y compris de droite. Ces talents oratoires, elle les a eus très tôt, alors qu’on lui demandait, lors des réunions familiales, de prononcer compliments et discours.
Caroline Fourest est née en effet dans une famille de la bonne bourgeoisie méridionale, à Aix-en-Provence. Le père est négociant en vins et la mère antiquaire. Peu portée à la docilité, elle fréquentera alors, sans enthousiasme, le prestigieux lycée catholique de la Nativité. Le premier tournant de sa vie est le divorce des parents. Caroline monte à Paris avec sa mère dont elle porte aujourd’hui le nom de jeune fille (le père s’appelle Guillemot). Cette occultation du père, quelles qu’en soient les raisons, paraît d’ailleurs révélatrice. Pour la petite Provençale, Paris, c’est d’abord l’enseignement public et une nouvelle liberté dont elle découvre peu à peu les possibilités. C’est aussi la découverte progressive (et peu facile, on s’en doute) de ses penchants sexuels pour le même sexe. Ce que l’on appelait jadis le « petit défaut » aura son importance plus tard dans ses choix idéologiques. Dans l’immédiat, Caroline définitivement Fourest poursuit ses études à l’université Paris-IV et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), études couronnées par un Master de communication politique et sociale. Et puis il y a les débuts dans le journalisme. Cela commence avec un magazine universitaire, viennent ensuite des piges à « Golias » et à « Têtu », organes de presse tous deux vigoureusement engagés contre l’« intégrisme ».
« Intégrisme » : le grand mot est lâché. Voilà désormais la bête noire de Caroline, son cheval de bataille pour les années à venir, à coups d’articles, mais aussi à coups de livres. De quoi s’agit-il ? Disons que, pour Fourest, il s’agit, du moins en ce qui concerne le catholicisme, de tout ce qui s’oppose à sa conception de la modernité et des Lumières. On est intégriste à bon compte pour notre prêtresse de la laïcité. Sont ainsi fourrés dans le même sac non seulement les partisans de la messe en latin (et pas seulement de la messe de Saint-Pie V), mais aussi – surtout – les adversaires du Pacs et des nouveaux droits des homosexuels, les pourfendeurs de l’IVG, de la contraception, en gros tous ceux qui pensent que la religion catholique a le droit de parler de morale, ou de dogme – ou de quoi que ce soit d’ailleurs. Car Caroline refuse de se dire antireligieuse, ou même anticatholique. Celle qui se proclame laïque ne veut voir dans la religion qu’un phénomène culturel, quelque chose pour faire joli en somme. Mais gare à elle si l’on s’oppose à l’avortement ou à la cause « gay » : animatrice avec Fiammetta Venner – la plus nulle des spécialistes autoproclamés des « droites nationales » – de la revue féministe « Prochoix », elle s’en prendra aux séides de l’« ordre noir » qui n’auront qu’à bien se tenir.
En 2001, nouveau tournant : elle prend conscience du danger, encore plus grand, d’un autre intégrisme, l’islamisme. Cette fois, le combat est nettement plus risqué puisqu’il s’agit de s’en prendre aussi à une extrême gauche dont elle fustige les indulgences coupables. Du coup, l’icône laïque se fera traiter d’« islamophobe » et autres aimables noms d’oiseaux par ceux-là même qui la portaient aux nues il n’y a pas si longtemps. On l’accusera même d’appartenir aux « néoconservateurs » à la sauce française. Heureusement, il y aura l’équipe de « Charlie Hebdo » pour la soutenir dans sa croisade… Car, même si elle s’en défend, il y a incontestablement un fond de religiosité chez Caroline Fourest. C’est sans doute cette religiosité mal refoulée qui lui donne cette impériale certitude d’avoir toujours raison, y compris quand elle a tort (par exemple quand elle tronque une citation ou crie au communautarisme pour un peu tout et n’importe quoi). Caroline a la foi, une foi ardente d’inquisitrice. Elle croit en une humanité (presque) débarrassée de la différence sexuelle et des appartenances religieuses ou autres, une humanité débarrassée de la nature, une humanité désincarnée, universelle, « citoyenne » enfin. Caroline Fourest serait-elle au bout du compte la prophétesse d’une laïcité à visage totalitaire ?"
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