Le patron du football mondial Gianni Infantino a fustigé samedi « l’hypocrisie » des critiques occidentales envers le Mondial qatari qui s’ouvre dimanche, principalement au nom des droits humains, vantant les « progrès » obtenus dans ce domaine par la Fifa.
« Donner des leçons de morale – toujours dans le même sens –, c’est simplement de l’hypocrisie », a lancé à la presse le président de l’instance, très offensif à la veille du match d’ouverture entre le Qatar et l’Équateur, après des mois de silence sur les multiples polémiques qui cernent le tournoi.
Dans un monologue d’une heure, le dirigeant de 52 ans a amplement puisé dans son histoire personnelle pour affirmer se « sentir » à la fois « qatari », « arabe », « africain », « gay », « handicapé » et même « travailleur immigré », lui qui est né en Suisse de parents venus d’Italie.
Alors que de multiples médias et ONG ont documenté les conditions de travail harassantes sur les chantiers de la Coupe du monde, Gianni Infantino a assuré « savoir ce que c’est que d’être discriminé », parce qu’il a « été harcelé à l’école » en tant qu’enfant « roux et bouclé, avec des taches de rousseur, et qui parlait mal allemand ».
« Et quand je suis arrivé à Doha la première fois, je suis allé voir certains de ces logements pour migrants et ça m’a ramené à mon enfance. J’ai dit aux Qataris : "Ce n’est pas correct, il faut faire quelque chose à ce sujet" », a-t-il raconté.
Le patron de la Fifa a ainsi évoqué les « progrès » obtenus ces dernières années pour les travailleurs au Qatar – salaire minimum d’environ 280 euros par mois, abolition du système de parrainage qui empêchait les employés de quitter le pays, indemnisations pour les salaires non payés et les accidents.
« Parmi les entreprises occidentales présentes ici, combien se sont préoccupées des droits des travailleurs migrants ? Aucune. Parce qu’un changement de législation implique moins de bénéfices. Mais nous l’avons fait », a argué le dirigeant.
Plus largement, il a jugé « profondément injustes » les critiques adressées au Qatar, estimant « qu’au moins le pays avait créé des voies légales » pour que des travailleurs étrangers viennent gagner leur vie, quand« "très peu survivent » en essayant de rejoindre l’Europe.
« Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3 000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3 000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres », a-t-il encore proclamé.
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