Les jours passent sans que les anti-Gbagbo n’obtiennent gain de cause quant au départ du pouvoir de l’actuel chef de l’Etat ivoirien reconnu par les Institutions de son pays. Et pour ne pas perdre la face, le gouvernement français, numéro un d’une conspiration démasquée, se prépare à une opération de force à Abidjan, dans l’ombre de la rébellion de Bouaké.
Depuis 48h, les autorités ivoiriennes ont repéré, dans les eaux internationales, aux portes des eaux territoriales ivoiriennes, un navire de guerre français (bâtiment de projection et de commandement Mistral). C’est un porte-hélicoptères d’assaut pouvant embarquer jusqu’à 16 hélicoptères. C’est aussi un navire amphibie, capable d’exécuter une opération aéromobile à partir de la mer, en vue par exemple, d’une évacuation de ressortissants, ou effectuer le transport et le débarquement d’un escadron de 40 chars. C’est aussi un navire hôpital de plus de 50 lits, idéal pour une opération humanitaire.
Les autorités de la marine qui l’ont repéré ont fait le constat qu’à partir de sa position s’effectuent des survols d’hélicoptères transportant des caisses jusqu’au 43ème Bima. Que contiennent ces caisses ? Des armes, des munitions ? Il faut rappeler qu’en décembre dernier, un container de l’armée française transportant des munitions avaient été bloqué au port d’Abidjan. A l’aéroport international de Port-Bouët, les autorités douanières avaient également mis la main sur des valises de cette même armée, contenant du matériel électronique.
Le transfert des caisses héliportées entre le navire Mistral et le 43ème Bima par l’armée française se fait-il dans le but de contourner cette fois-ci les autorités ivoiriennes qui sont de plus en plus regardantes sur les mouvements de la force Licorne ?
D’autant plus qu’en dehors des côtes territoriales ivoiriennes, un quelconque contrôle échappe aux dites autorités, du point de vue de la législation, vis-à-vis de ce navire. Le Mistral, notons-le, a l’expérience des foyers de tension. En juillet et août 2006, il a été engagé pour assurer l’évacuation des ressortissants français lors du conflit israélo libanais. Une mission en Asie lui a été confiée de février à juin 2008 et a participé à un exercice de l’Otan en mer du nord en 2010. Pour la crise post-électorale dans laquelle le président Sarkozy est fortement impliqué contre le régime d’Abidjan, la présence du Mistral et les va-et-vient des hélicoptères entre ce navire et le 4ème Bima sont interprétés comme une préparation accrue d’une action militaire contre le régime de Laurent Gbagbo.
Intervention militaire de la France sous le couvert de la rébellion
Tout le ballet militaire de l’armée française sur le territoire ivoirien à un seul objectif : équiper les combattants de la rébellion au nord et les quelques 300 éléments retranchés au Golf Hôtel en vue de l’ouverture de plusieurs fronts, selon une source au sein de la Dgse. Cette source indique que l’armée française « opérera comme elle l’avait fait au Tchad avec Idriss Déby Itno » au cas où les chefs d’Etat africains renoncent à l’option militaire contre Gbagbo que Nicolas Sarkozy appelle de tous ses vœux. Il s’agit pour les hommes de Sarkozy, présents sur le terrain de théâtre à l’ombre de « l’armée de Ouattara au nord et à l’Hôtel du Golf », de créer une passerelle pour favoriser sa progression vers le palais et la Rti.
Dans cette optique, des émissaires ont été envoyés auprès du chef de guerre « courageux », Koné Zakaria, au Burkina Faso afin d’obtenir son retour sur la ligne de front. Quant aux éléments de la rébellion retranchés à l’Hôtel du Golf, s’ils réussissent à se frayer un chemin dans la fournaise des Forces de défense et de sécurité, grâce à l’appui de la force Licorne, seront présentés comme les éléments des forces républicaines, loyales au président Laurent Gbagbo, qui ont basculé en faveur du nouveau président Alassane Ouattara. D’où la nouvelle stratégie de communication de Ouattara et Soro qui déclarent que leur candidat, retranché dans le complexe hôtelier, a eu la faveur des Forces républicaines à plus de 60%. Une façon de légitimer la prise des édifices publics et favoriser un éventuel ralliement au moment opportun avec un discours qui sied au contexte et qui sera abondamment relayé par certains médias occidentaux.