Des militaires mutins qui réclament des augmentations de salaires contrôlaient vendredi soir la deuxième ville de Côte d’Ivoire, Bouaké, ancienne capitale de l’ex-rébellion armée, tirant à l’arme lourde et semant la peur parmi une population terrée chez elle, malgré l’appel au calme du gouvernement.
Lancé à Bouaké vendredi matin, ce mouvement de protestation de militaires s’était étendu dans la journée aux villes de Daloa et Daoukro (centre), Korhogo et Odienné (nord). Selon des témoins interrogés par l’Agence France Presse, les militaires s’étaient retirés vendredi soir des rues de ces autres villes et aucun tir n’y était entendu. Ces militaires réclament le paiement de primes, des augmentations de salaires, une promotion plus rapide entre les grades et des logements.
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10 millions de francs CFA
Plus tôt vendredi soir, un correspondant de l’Agence France Presse à Bouaké avait indiqué que « les militaires contrôlent toujours » la ville, qui « est déserte ». « Seuls les militaires circulent à bord de leurs véhicules et des voitures de l’administration qu’ils ont pris en tirant en l’air », a-t-il ajouté. Ces militaires tiraient toujours sporadiquement vendredi soir au lance-roquettes et avec des kalachnikov. Plusieurs dizaines de camions de marchandises et de cars de voyageurs en provenance de la capitale économique Abidjan étaient bloqués à quelques kilomètres de l’entrée de Bouaké sans pouvoir progresser. « C’est une mutinerie des ex-combattants intégrés dans l’armée qui réclament des primes de 5 millions de francs CFA (7 600 euros), plus une maison chacun », avait expliqué à l’Agence France Presse plus tôt un officier sous couvert d’anonymat.
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Cinq mois de violence
Écoles et commerces étaient tous fermés à Bouaké, ancienne capitale de la rébellion qui contrôlait le nord du pays lorsqu’il était coupé en deux entre 2002 et 2011. Cette rébellion était favorable à l’actuel président Alassane Ouattara, alors que le sud du pays était tenu par les forces loyales à l’ex-président Laurent Gbagbo. Fin 2010, Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle et le pays avait plongé dans cinq mois de violences qui ont fait 3 000 morts.