La nouvelle tarification votée par la ville de Lille suscite la colère des élèves du conservatoire. Plus de 200 d’entre eux ne résidant pas à Lille, Lomme ou Hellemmes devront payer les 1 866 euros de droits d’inscription.
Au conservatoire de Lille, professeurs, élèves et parents d’élèves sont autant sous le choc qu’en colère. Le 31 mars dernier, une décision du conseil municipal au sujet d’une actualisation des tarifs du conservatoire à rayonnement régional était votée dans une relative discrétion. Mais la décision commence à faire du bruit, principalement depuis que le site de la mairie lille.fr a publié un article lundi 15 mai qui explique cette actualisation des tarifs à l’occasion de l’ouverture des inscriptions pour l’année prochaine.
La raison de ce choc ? Les élèves qui ne résident pas à Lille, Lomme ou Hellemmes et qui sont inscrits en parcours éveil/initiation, hors cursus, 1er et 2e cycle ne bénéficieront plus de la prise en charge des frais de scolarité. Ils devront alors payer eux-mêmes la somme de 1 866 euros pour une année scolaire, moyenne basse du coût d’accueil calculé par la mairie. Contre 0 à 500 euros en fonction du quotient familial jusqu’à présent.
À ce prix-là, on imagine que peu de parents auront la trésorerie nécessaire pour assurer une année de cours de musique à leurs enfants. Et encore moins les adultes qui sont inscrits en chœur ou pratique d’orchestre qui devront débourser cette somme pour deux heures de cours hebdomadaire. Certaines spécialités ne sont pas concernées par cette mesure, c’est le cas des classes à horaires aménagés et des « disciplines rares » comme le théâtre, la danse, la contrebasse, la musique ancienne ou la direction d’orchestre.
Marion Gautier, adjointe au Maire de Lille en charge de la Culture, explique que cette décision a été prise pour réparer une « inégalité sur le financement de certains cursus. Il n’est pas normal que les contribuables lillois paient pour des élèves qui sont domiciliés dans des villes qui ne cotisent pas pour le fonctionnement du conservatoire ». L’adjointe précise qu’une cinquantaine de villes environnantes sont concernées et que des négociations ont été entreprises avec les maires pour les convaincre de financer les études de leurs administrés en fonction de leur quotient familial.
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Les relations entre la ville, tenue par la socialiste Martine Aubry et la métropole, tenue par Damien Castelain, un maire sans étiquette, ne sont pas faciles ces derniers temps explique Jean-Louis Ollé, professeur titulaire de basson au conservatoire et délégué syndical FO. « Cette décision nous a tous pris de court. Si on peut comprendre la raison, la méthode employée et les conséquences sont très brutales. Si ces 200 élèves ne se réinscrivent pas à la rentrée, cela va complètement déséquilibrer le fonctionnement du conservatoire. Cela reviendrait à supprimer 126 heures cours par exemple ». Jean-Louis Ollé, qui a déposé un préavis de grève pour le mercredi 24 mai, parle également des grandes conséquences pour les ensembles du conservatoire. Il prend l’exemple d’un orchestre d’élèves qui passerait de 28 membres à 8, si la mesure n’était pas suspendue.
« Cette modification tarifaire va provoquer un effet domino. Imaginez un enfant qui souhaite apprendre le violon et qui n’a pas accès au conservatoire. Il devra se reporter sur les écoles municipales et n’aura pas forcément le niveau requis pour passer l’examen d’entrée en troisième cycle. Cette décision est profondément inégalitaire et pénalisera les enfants sur plusieurs années ». Le professeur et délégué syndical rappelle également que le conservatoire n’a pas de directeur attitré depuis 9 mois et que cela n’a pas permis d’avoir une négociation à ce sujet avec la mairie. Ce n’est pas la première fois que la ville de Lille tente de mettre en place un système de tarifs différents pour les non-lillois. C’est le cas du zoo de Lille qui depuis le mois de mai pratique une discrimination en demandant aux « étrangers » de payer leur entrée.