Communiqué de presse de Loup Viallet, président du Collectif Mer et Francophonie
Lundi 10 février dernier, la Côte-d’Ivoire a reçu une délégation de la Millenium Challenge Corporation, fonds de « développement » créé par l’administration Bush en 2004, pour s’accorder sur les conditions d’attribution d’une aide de 300 à 350 millions de dollars au titre d’un programme de coopération dit « compact ». Le « compact » est le programme le plus complet offert par la MCC par rapport au programme « Treshold », seulement partiel.
On peut s’interroger sur l’impact positif que peut avoir cette aide, qui récompense les efforts opérés pour répondre à un certain nombre de critères d’éligibilité.
Certains semblent pertinents pour évaluer l’impact des aides internationales et le niveau de confiance que l’on peut placer dans un gouvernement ; elles font l’objet d’évaluations d’organismes sérieux comme l’UNICEF et l’UNESCO. En revanche d’autres exigences qui conditionnent l’aide à une libéralisation de l’économie, notamment aux réformes foncières et aux règlementations visant à reproduire un marché de la terre et des semences hostile à l’agriculture familiale et paysanne, sont bien plus discutables ; elles sont essentiellement laissées à l’appréciation d’organismes ayant déjà démontré leur incompétence en matière d’accompagnement du développement en Afrique, que sont le FMI et la Banque mondiale.
Il semble en réalité que cette aide, à laquelle la Côte-d’Ivoire était éligible à candidature depuis novembre 2011, seulement quelques mois avant l’installation définitive de l’ancien vice patron du FMI Alassane Ouattara au pouvoir, récompense surtout les efforts de ce dernier pour conformer son pays aux dogmes ultralibéraux du Congrès américain, créateur et financier de la MCC, qui distribue les bons points… et les dollars !
À l’aide à la libéralisation et au désengagement des États sous-développés ou en voie de développement que promeut la MCC, une France souveraine serait bien inspirée d’opposer un modèle d’aide « coprofitable » permettant l’industrialisation raisonnée de l’Afrique de l’Ouest et la protection de l’agriculture familiale, deux objectifs permettant de renforcer l’autonomie alimentaire et l’économie d’États vulnérables, comme de lutter efficacement contre les causes profondes de la crise migratoire.