"L’Arménie n’a pas besoin de l’intervention militaire de la Russie ou d’autres alliés de l’ex bloc soviétique pour faire face à l’augmentation des violations du cessez-le-feu dans la zone de conflit du Haut-Karabagh", a déclaré hier le ministre de la Défense, Seyran Ohanian.
"Je ne pense pas que la situation soit telle que nous devrions faire appel à l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC)", a affirmé Ohanian, se référant au pacte de défense dirigée par la Russie, dont l’Arménie est membre.
"L’armée arménienne se renforce de jour en jour et elle est en mesure de relever toute seule les défis azerbaïdjanais", a t-il déclaré lors d’une conférence sur la sécurité internationale à Erevan.
Ohanian a commenté les plaintes déposées par des experts arméniens sur l’échec de l’OTSC à réagir aux violations mortelles de la trêve sur "la ligne de contact" autour de Karabagh et de la frontière arméno-azerbaïdjanaise. Le nombre de ces incidents de tirs semble avoir augmenté en juin, entraînant la mort de quatre soldats arméniens.
En outre, plusieurs villages frontaliers de la province de Tavush nord auraient essuyé des tirs exceptionnellement forts de la part de l’armée de l’Azerbaïdjan la semaine dernière. Bakou a accusé Erevan de ces tensions accrues, en disant que les Arméniens eux-mêmes ont ouvert le feu sur les villages azerbaïdjanais à travers la frontière.
Ohanian a minimisé ces incidents, en disant que l’armée arménienne est suffisamment forte pour dissuader l’Azerbaïdjan de redémarrer une guerre à grande échelle pour le Karabagh.
Le ministre, qui a joué un rôle majeur dans la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan de 1991 à 1994, a déclaré de façon similaire l’an dernier que la Turquie, plus que l’Azerbaïdjan, est la raison pour laquelle l’Arménie accueille une base militaire russe. Il dit que la présence des troupes russes empêche l’armée turque d’intervenir directement dans le conflit du Karabagh.
Ohanian a noté en même temps hier que si Erevan ne cherche pas une aide directe de l’OTSC, la ville s’attend à ce que l’alliance militaire dirigée par la Russie dénonce publiquement les violations de la trêve de l’Azerbaïdjan. Il a dit qu’il l’a clairement demandé à Nikolay Bordyuzha, le secrétaire général de l’OTSC, quand ils se sont rencontrés à Erevan la semaine dernière.
Valery Semerikov, l’adjoint de Bordyuzha qui a également pris part à la rencontre à Erevan, a insisté pour que l’organe exécutif de Moscou de l’OTSC ne néglige pas le conflit du Karabagh.
Interrogé sur ce que l’organisation fera en cas d’une nouvelle guerre arméno-azerbaïdjanais, Semerikov a dit : "Une menace pour un État membre de l’OTSC est une menace pour l’ensemble de l’organisation." Mais il a ajouté que la décision finale devrait être prise par de concert entre les six États membres de l’OTSC.
Deux d’entre eux, le Kazakhstan et le Kirghizistan, ont à maintes reprises soutenu les résolutions pro-azerbaïdjanaises sur le Karabagh adoptées par les États islamique et turque.