Les ABCD de l’égalité étaient-ils devenus cet « étendard » risquant de transformer l’école en un « champ de bataille » ? Les mots sont ceux du ministre de l’éducation, Benoît Hamon, qui, tout en réfutant l’abandon de l’expérimentation sous la pression des « anti-genre », a mis en avant, dans chacune de ses interventions médiatiques – sur France Culture le 25 juin, sur France Inter le 30 juin – la nécessité de « pacifier » le terrain.
Un terrain considérablement fragilisé par le mouvement des « Journées de retraite de l’école » : c’est ce qu’on comprend à la lecture du rapport d’évaluation des ABCD divulgué lundi 30 juin – peu après l’annonce d’un nouveau « plan d’action » pour l’égalité entre filles et garçons.
Sept des quarante pages du rapport auquel ont participé une dizaine d’inspecteurs généraux, sous la coordination de Viviane Bouysse, sont consacrées à l’impact du mouvement de contestation lancé par Farida Belghoul, ancienne figure de la marche des Beurs devenue proche de l’idéologue Alain Soral. Une analyse bienvenue, tant on a manqué ces derniers mois d’un décryptage « officiel » du phénomène.
Dans l’entourage de l’ancien ministre Vincent Peillon, on avait estimé son impact « circonscrit » à une centaine d’écoles – sur 48 000 – en janvier, 70 en février, autant mi-mars. On sait pourtant que dans un certain nombre de quartiers dits sensibles, à Strasbourg, dans le Rhône, l’Isère, la Seine-Saint-Denis, les absences d’écoliers ont pu dépasser le tiers des effectifs. Et que dans certaines écoles, les pires accusations – attentat à la pudeur, attouchements... – ont été proférées à l’encontre d’enseignants, et qu’elles ont trouvé un écho virulent sur les réseaux sociaux.