Sans être royaliste, j’envisage la monarchie comme un système potentiellement viable, moderne, et surtout juste. A ceux qui prétendent, comme des collégiens attardés, que "c’est fini" ou que "c’est du passé", il faut rappeler que la démocratie remonte à la Grèce antique, et la République à la Rome antique. Au contraire, les régimes les plus notables du XXe siècles sont des dictatures. Je crois que sur ce point, toute critique sur la prétendue obsolescence de la monarchie est immédiatement reléguée aux chiottes de la pensée.
A mon sens, ce qui justifie la monarchie, sans rentrer aucunement dans les débats religieux ou historique, mais pour en rester au plan du pur utilitarisme politique et institutionnel, c’est de maintenir la cohérence d’une société par le symbole. Dire cela est bien insuffisant, je développe : il y a deux manières d’envisager la politique, une avec un droit écrit, et l’autre avec un droit oral. On est actuellement dans le droit écrit, et il est entre les mains de personnes qui se tapent de l’intérêt général. En restant dans le droit écrit, la solution, c’est la démocratie de Chouard. Mais on peut aussi dire que le fait que le droit soit écrit est intrinsèquement désavantageux. Il fige les lois, les structures, pose des questions délicates de répartitions des pouvoirs, de juridiction, etc.
Le droit oral et traditionnel, coutumier, est à la fois moins facilement manipulable puisque connu de tous (c’est véritablement un patrimoine commun, une loi oubliée et non respectée est une loi abolie de fait), et plus souple car il n’empêche pas la création exceptionnelle de structures ad hoc pour trancher certains problèmes nouveaux. Il fait qu’il n’y a jamais de vide juridique. Du moins quand il n’y a pas une caste de juges nommés et formés par le pouvoir, comme c’est le cas en Angleterre, supposé pays de droit coutumier (lol). Il favorise l’organisation et la gestion communautaire des problèmes, à l’échelle qui paraît la plus pratique pour les citoyens.
Le problème, c’est que tout le monde peut en venir à se tirer la bourre. Les communautés peuvent commencer à se mettre dos à dos, ou prendre des mesures qui sont radicalement en opposition, et petit à petit se produit un morcellement qui rend vulnérable aux interventions et ingérences extérieures un peu organisées. Le roi est la figure (et l’autorité réelle) qui empêche cela, qui unit dans la liberté, qui réprime l’abus, et qui est le seul à avoir le droit à l’initiative personnelle exceptionnelle.
Répondre à ce message