C’est le concept à la mode. Avant, quand on voulait noyer son chien, ou son conjoint, on l’accusait d’avoir la rage, ou d’être un pervers narcissique (PN). Beaucoup de femmes malintentionnées ont usé du stratagème pour gagner leurs procès contre leur ex, tout en ayant bien pris soin de déposer en douce des mains courantes parlant de violences... forcément invisibles. Comme dirait Me Viguier, les relations hommes/femmes sont politiques.
L’emprise, une ingénierie sociétale
Aujourd’hui, la mode du PN est largement détrônée par celle de l’emprise. Des stress post-traumatiques rétroactifs surgissent à la vitesse du calcul personnel dans le flou mémoriel, une mémoire arrangée pour l’occasion. Tout le monde peut trouver dans son passé matière à victimisation.
L’avantage de l’emprise, c’est qu’elle ne laisse pas de traces visibles, qu’il s’agit de bleus progressifs à l’âme, qu’il suffit d’exhiber devant le policier ou le juge. Après, il faut croire les « victimes » sur parole. Preuve d’une tendance lourde, le cinéma, la littérature, et aussi la société people se sont emparés du juteux concept victimologique.
Voilà pour le cinéma. Passons à la société people, avec l’affaire dans l’affaire Dieudonné :
Noémie Montagne a partagé la vie de Dieudonné Mbala Mbala pendant quinze ans. Elle le cible désormais, trois ans après sa séparation, dans deux plaintes, enregistrées auprès de la gendarmerie en 2022 et 2023. « Ma plainte porte sur un aspect financier – des détournements d’actifs d’une société qui est toujours à mon nom », commence Noémie Montagne, qui avait été condamnée aux côtés de Dieudonné en 2019 pour fraude fiscale et organisation d’insolvabilité. Et de continuer : « (Mais) il y a tout le reste. En 2020, ma fille ainée est tombée malade psychologiquement. Cela m’a réveillée et, avec l’aide de spécialistes, les mots sont sortis ; ils m’ont parlé de violences psychiques, d’emprise et d’organisation sectaire ». (Le Figaro)
C’est le buzz du moment : grâce à cette volte-face, Noémie fait BFM TV.
En littérature, le site bookmode.com recense 42 livres sur le thème de l’emprise psychologique ! On ne prendra comme exemple que celui de Lola Lafon (qu’on a épinglée ici), qui coche toutes les cases.
Paru en août 2020 aux Éditions Actes Sud, le dernier roman de Lola Lafon, Chavirer, a depuis été plusieurs fois nominé pour des prix littéraires et récompensé par celui de France Culture-Télérama, décerné par des étudiants. Des étudiants qui ont très certainement perçu la nécessité de faire connaître cette œuvre à leur génération, ainsi qu’à celles à venir. Par fragments et éclats, ce roman tourne autour d’adolescences brisées par des silences enfouis et des hontes persistantes. Quoiqu’indissociable du mouvement #MeToo, Chavirer est une œuvre de fiction avant d’être une œuvre militante, une œuvre composée de personnages attachants, dont la lecture est animée par un désir d’en tourner les pages au plus vite, et caractérisée par une écriture qui décrit avec beaucoup de délicatesse des mécanismes d’emprise sournois et des émotions puissantes jamais explicitement exprimées. (laparafe.fr)
Bientôt, les ministres de Macron responsables de la meurtrière politique covidiste, par exemple, ou de la destruction de notre indépendance énergétique, diront qu’ils ont été sous emprise (de McKinsey, de la Commission européenne ou des multinationales de l’injection). Et le Président lui-même pourra dire qu’il a été sous emprise de la Banque. Ainsi se diluent les responsabilités.
Dans le domaine des relations hommes/femmes, le problème, c’est que l’emprise fait partie du jeu ! On dit qu’une femme est prise, éprise, l’emprise ne s’extrait donc pas du sentiment amoureux. Et souvent, après avoir vécu le côté agréable de l’emprise, on doit vivre son côté désagréable, la déprise, soit la rupture !
Dans ce cas, la rupture de l’emprise crée l’insatisfaction, et parfois le désir de vengeance. On ne dit pas par là que toutes les femmes sont des manipulatrices, mais la tendance actuelle, qui est authentiquement perverse, transforme des relations naturelles – parfois violentes, mais des deux côtés – faites d’attraction et de domination, en monstruosités et volonté de destruction. Le cas Tariq Ramadan en est l’illustration parfaite.