On ne saura jamais ce qu’aurait donné l’alliance du judaïsme et de la réaction païenne si Julien n’était mort d’un coup de lance lors d’une bataille en Mésopotamie, à Ctésiphon (363).
En quelques années désormais, l’Empire va prendre des formes Chrétiennes. C’est-à-dire que la secte rejetée, risible, méprisée, moquée, vilipendée, persécutée par les juifs demeurés fidèles à la tradition de Ben Zakaï, va être associée à l’Empire du monde.
Cruel moment pour le judaïsme rabbinique : il a été très loin dans l’insulte et la voie de fait, il a lapidé, il a apporté des fagots aux bûchers, dénoncé les chrétiens à l’administration qui crucifiait ou jetait dans l’arène, et maintenant, il a peur de l’heure des comptes (…)
Les juifs ont dénigré les chrétiens devant les nations pour obtenir leur persécution, et cela fut un succès, mais l’influence chrétienne a grandi. Aussi, dès avant Constantin, déjà, les juifs cherchent leur salut hors de l’Empire.
Ils cherchent des alliances pour se prémunir à toutes fins utiles. Ils trouveront du coté des Perses. En faisant bon accueil par exemple au roi sassanide Sapor lors de son intrusion en Asie mineure et en Syrie vers 260, et en le poussant à des persécutions antichrétiennes. Ils recommencent deux siècles et demi plus tard lors d’une nouvelle invasion perse.
En 608, ils en profitent pour massacrer les Chrétiens d’Antioche, et, en 614, se livrent à un progrome antichrétien général en Palestine. Cette stratégie, payante à court terme, ne sera ni oubliée des Chrétiens, qui découvrent des ennemis cruels et tenaces, ni des romains, qui verront chez les juifs des populations propres à faciliter les invasions étrangères.
Du coté de l’Arabie, aussi, les juifs cherchaient alliance et protection contre les Chrétiens. Par la conversion des rois notamment. Ainsi au sixième siècle, le roi Yusuf Asar Yathar, devenu juif, enleva la ville de Najran (517) et massacra les Chrétiens qui la peuplaient. Considéré sous ce point de vue, la réussite de Mahomet un peu plus d’un siècle plus tard serait un triomphe pour les juifs : ils trouveraient enfin l’allié indispensable contre l’empire romain devenu Chrétien.
Cet Empire, ils contribuèrent à le disloquer en faisant bon accueil au conquérant musulman, partout, en Syrie, en Cyrénaïque, au Maghreb et en Espagne, livrant au besoin la clé de certaines villes aux armées du prophète et ses successeurs. Ce dernier fait, qui est attesté par tous les chroniqueurs de l’époque quel que soit leur bord, n’est plus nié par personne, même par les plus ombrageux historiens juifs.