Nicolas Hulot l’avait pourtant promis. « J’ai personnellement à coeur que l’agriculture soit beaucoup mieux dotée [en terme de subventions] ». Un vœu pieux. Alors que la commission européenne avait accepté que la France puisse réaffecter 900 millions d’euros de subventions de la PAC réservés à l’agriculture intensive vers les petits paysans qui font du bio, le gouvernement en a décidé autrement.
Selon Le Canard enchaîné, le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert [photo ci-dessus], « n’a finalement réaffecté que 60% de la somme ». Et sur ces 60%, l’essentiel des fonds est affecté à l’agriculture de montagne, en grande difficulté. Autrement dit, il ne reste que des miettes pour l’agriculture biologique, alors que Bruxelles avait donné son feu vert pour lui octroyer 900 millions d’euros d’aides par an.
Cette décision est un vrai problème car les subventions au bio sont indispensables : lorsqu’un agriculture décide de passer au bio (et donc de ne plus utiliser de pesticides), il perd 50% de ses rendements. Or, il faut deux années complètes de transition pour que sa production soit estampillée « agriculture biologique ». Autant dire que sans ces aides, la conversion au bio est quasiment impossible.
Face au lobby céréalier, les agriculteurs bio ne pèsent pas grand chose dans les décisions politiques. La preuve ? En 2007, lors du Grenelle de l’environnement, l’État avait affiché l’objectif de 20% de surfaces agricoles sans pesticides d’ici à 2020. Finalement, le nouveau gouvernement a annoncé que l’objectif n’était plus que de 8% en 2021. Avec cette perte de subventions, pas sûr que même cet objectif revu à la baisse soit atteint.