Le monde est fait de soleil et de papillons, de roses et d’arcs-en-ciel. Si nous pouvons empêcher le Père Profit de violer Mère Nature, nous aurons ce monde dont nous avons rêvé… merveilleux, sans produits toxiques, plein d’amour, de paix, d’espoir et de bonheur.
C’est la maladie du rêveur qui sous-tend l’idéologie de l’agro-écologie. Tout ce que nous avons à faire est de nous débarrasser du mal, de l’humain, et la nature nous fournira en abondance toute la nourriture et la subsistance nécessaires. Cette rêverie se fonde uniquement sur la conviction que la nature est incontestablement bonne et que l’Homme… eh bien… l’Homme n’a rien fait d’autre que de détruire la nature de manière insensée.
Mais dans sa promesse de justice sociale (déguisée en science écologique), l’agro-écologie cache une sinistre faiblesse politique que le monde n’a pas vue depuis Lyssenko.
L’agro-écologie prétend être une science ; ce n’est pas le cas.
L’agro-écologie prétend qu’elle va nourrir le monde ; elle ne le peut pas.
L’agro-écologie prétend qu’elle a les solutions que l’agriculture conventionnelle n’a pas réussi à trouver ; ce n’est pas le cas.
Les atouts de l’agro-écologie sont l’activisme politique, des financements et un public qui veut croire à ses affirmations : trois éléments essentiels pour permettre aux zélotes imprégnés du dogme fondamentaliste de s’épanouir en dehors de la raison et des preuves.
Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Qu’est-ce que l’agro-écologie ?
Il existe autant de définitions de l’agro-écologie que de militants qui revendiquent dans leurs biographies le titre d’« agro-écologue/iste » (NdT : ce sera « agro-écologiste » dans la suite du texte).
La version anglaise de Wikipedia la décrit comme « l’étude des processus écologiques appliqués aux systèmes de production agricole », ce qui est un peu tautologique.
L’IPES-Food, l’autorité autoproclamée sur la science de l’agro-écologie, la définit avec des termes plus nobles comme :
« L’agro-écologie représente un paradigme alimentaire et agricole alternatif, qui s’oppose à l’agriculture industrielle. L’agro-écologie est ancrée dans la reconstruction des relations entre l’agriculture et l’environnement, et entre les systèmes alimentaires et la société. Si les pratiques peuvent être très variées, l’agro-écologie se caractérise par la diversification des exploitations et des paysages agricoles, le remplacement des intrants chimiques par des matières et des processus organiques, l’optimisation de la biodiversité et la stimulation des interactions entre les différentes espèces, dans le cadre de stratégies holistiques visant à établir la fertilité des sols à long terme, des agro-écosystèmes sains et des moyens de subsistance sûrs et justes. »
L’agro-écologie est donc tout ce que l’agriculture conventionnelle n’est pas. C’est assez simple. Elle met en avant une sorte d’approche « bio plus » de l’agriculture, soucieuse de reconstruire une relation avec l’environnement que l’agriculture conventionnelle a supposément détruite. Ce « paradigme […] alternatif » se concentre sur la fertilité des sols (agriculture régénérative), la diversification des cultures et le développement d’exploitations agricoles biodiversifiées.
Mais en quoi ce « paradigme » est-il différent de ce que font actuellement de nombreux agriculteurs conventionnels ?
Les agriculteurs conventionnels peuvent-ils être agro-écologistes ?
Selon la définition d’IPES-Food : non !
Pour être généreux, là où l’agriculture conventionnelle serait préoccupée par les rendements, l’agro-écologie adopte une approche plus globale, travaillant au sein de la nature pour équilibrer les rendements avec les conséquences écologiques et sociales de l’agriculture. Mais tous les agriculteurs savent très bien que pour améliorer les rendements, ils doivent protéger leurs sols et conserver l’eau ; tous les agriculteurs reconnaissent leur rôle dans la fourniture d’aliments sûrs et nutritifs, en abondance et à un prix abordable. En d’autres termes, tous les agriculteurs sont des agro-écologistes, de sorte que la tentative d’IPES-Food de dénormaliser des centaines de millions d’agriculteurs est à la fois ignorante et malveillante. Les agriculteurs sont constamment à la recherche de meilleures méthodes de culture et sont très conscients de la fragilité et de la menace de Mère Nature. Tous les agriculteurs travaillent dans le cadre de la nature (mais certains utilisent simplement de meilleurs outils pour gérer les menaces).
En effet, bon nombre des principes revendiqués par les agro-écologistes sont utilisés par les agriculteurs conventionnels depuis des décennies et en ce sens ne sont pas remarquables. Ce que les agro-écologistes appellent l’agriculture régénérative est communément appelée par les agriculteurs conventionnels « agriculture de conservation » (AC).