L’artillerie israélienne a bombardé deux positions du Hezbollah dans le sud du Liban en représailles à une attaque revendiquée par le groupe libanais qui a blessé légèrement deux soldats israéliens et rappelé la tension persistante dans la région.
Selon les éléments fournis par l’armée israélienne et le Hezbollah, ce dernier a fait exploser un engin contre une patrouille israélienne en début d’après-midi dans le secteur tendu dit des Fermes de Chebaa, à la frontière.
Un second engin a explosé plus tard, a rapporté l’armée israélienne. Apparemment, il n’a pas fait de blessé.
Le secteur des Fermes de Chebaa (Har Dov en hébreu) est une région montagneuse de 25 km² située à la jonction de la frontière entre le Liban et la Syrie. Il a été conquis par Israël en 1967 et le Liban en revendique la souveraineté.
La puissante organisation chiite libanaise a revendiqué l’opération attribuée dans un communiqué reçu par l’AFP à « la cellule du martyr Hassan Ali Haïdar de la Résistance islamique ». Hassan Ali Haïdar, un membre du Hezbollah, a été tué le 5 septembre alors qu’il démantelait un engin d’espionnage israélien dans le sud du Liban.
La dernière attaque contre des soldats israéliens revendiquée par le Hezbollah, bête noire d’Israël, remontait à mars. Une bombe avait alors explosé au passage d’un véhicule blindé israélien, sans faire de blessé, toujours près des Fermes de Chebaa.
« Le gouvernement libanais et le Hezbollah sont directement responsables de cette violation flagrante de la souveraineté israélienne », a indiqué dans un communiqué Peter Lerner, porte-parole de l’armée israélienne. Cette dernière « a riposté à cette agression non-provoquée contre ses forces et continuera ses opérations visant à ce que la frontière nord d’Israël reste sûre ».
Le département d’État américain a « condamné avec force » l’attaque du Hezbollah, une organisation « terroriste » aux yeux de Washington.
Un incident dimanche déjà
Un raid transfrontalier au cours duquel le Hezbollah avait tué trois soldats israéliens et en avait capturé deux autres avait provoqué la guerre du Liban de 2006. Les hostilités opposant principalement l’armée israélienne et le Hezbollah avaient fait plus de 1 200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, quasiment tous des soldats.
La frontière israélo-libanaise reste une zone de tension placée sous étroite surveillance.
Un soldat libanais y a été blessé dimanche par des tirs israéliens venus de l’autre côté de la frontière, selon l’armée libanaise. L’armée israélienne dit avoir ouvert le feu sur des « suspects » entrés sur son territoire.
L’incident est survenu à l’ouest des Fermes de Chebaa.
Des incidents ont régulièrement lieu le long de la Ligne bleue, qui fixe la frontière libano-israélienne. Cette ligne a été tracée par l’ONU après le retrait israélien mettant fin en 2000 à vingt-deux ans d’occupation du sud du Liban.
L’armée israélienne sur le qui-vive
Un responsable militaire israélien indiquait mi-septembre dans la presse que l’armée israélienne avait adapté son dispositif de défense face au risque selon lui d’une large incursion terrestre du Hezbollah, même si le danger d’une nouvelle guerre ne paraissait pas imminent.
Le Hezbollah pourrait profiter à cette occasion de capacités d’action renforcées par son engagement en Syrie, où il combat aux côtés de l’armée régulière du président Bachar al-Assad, disait-il.
« Ils se sont considérablement renforcés dans plus de deux cents villages dans le sud du Liban, avec toutes sortes d’armes, toutes sortes de missiles de différentes portées », disait au même moment à l’AFP un porte-parole de l’armée, Arye Shalicar, « ils ont transformé des villages en positions militaires ».
« C’est une question de temps avant qu’ait lieu un conflit, sous une forme ou sous une autre », a-t-il dit.
Différents experts jugent une nouvelle guerre avec le Hezbollah peu probable dans l’immédiat, le mouvement chiite ayant déjà fort à faire contre les jihadistes sunnites au Liban ou en Syrie. Mais ils restent prudents devant la possibilité d’un enchaînement de circonstances menant à un conflit.