Le « coup de com » d’Emmanuel Macron va-t-il se traduire par des résultats concrets ? Quatre mois après son fameux « Make Our Planet Great Again » lancé à la communauté scientifique américaine le 1er juin, au soir du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat pour l’inciter à venir travailler en France sur les enjeux climatiques, une cinquantaine de chercheurs sont en passe d’être sélectionnés.
Après la mise en ligne d’une plateforme, le 8 juin, permettant de recueillir les candidatures, le CNRS s’est vu confier la mission de sélectionner les meilleurs profils. L’organisme public a reçu 255 dossiers complets, représentant 41 nationalités dont 45 % d’Américains, et a opéré une première sélection courant septembre pour ramener à 90 le nombre de candidats.
[...]
Au total, ce sont donc 50 chercheurs qui obtiendront des fonds compris entre 1 million et 1,5 million d’euros pour des programmes de recherche d’au moins trois ans en France.
Sur les 90 candidats toujours en compétition, 42 % sont Américains et 62 % travaillent actuellement aux États-Unis. Quarante d’entre eux ont un profil junior, à savoir moins de 12 ans d’expérience depuis leur thèse, contre 50 qui ont plus de 12 ans d’expérience avec un âge moyen de 45 ans.
[...]
Olivier Berné [astrophysicien au CNRS] questionne également la volonté réelle de l’Élysée de faire de la recherche sur les questions climatiques, l’une de ses priorités.
« L’enveloppe affectée pour faire venir ces chercheurs – 60 millions d’euros – n’est pas conséquente au regard du budget global de la recherche en France qui est de 27 milliards d’euros et, surtout, il ne s’agit pas d’argent frais, souligne-t-il. C’est une enveloppe qui était déjà affectée à la recherche dans le cadre du programme des investissements d’avenir, il n’y a donc pas eu d’effort particulier. »
En revanche, symboliquement, allouer cette somme, même relativement faible, pour faire venir des scientifiques étrangers en France passe mal auprès de chercheurs qui se plaignent depuis plusieurs années de manquer de moyens.
« On dépense 60 millions d’euros pour une initiative peu pertinente à un moment où cet argent aurait été par exemple mieux dépensé dans l’université, estime Olivier Berné. Pour nous, c’est difficile à avaler, ça ne correspond pas au coup de pouce que l’on attendait. Or, si la France est un pays attractif avec un haut niveau scientifique, c’est notamment parce que notre modèle, avec des postes permanents, offre une certain qualité de vie. Mais ce modèle est aujourd’hui en péril. »