Chypriotes et résidents étrangers de l’île méditerranéenne étaient en état de choc samedi après l’annonce à Bruxelles d’un accord sur un plan de sauvetage d’un maximum de 10 milliards d’euros, qui comprend une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires.
Le Parlement devait voter en principe dimanche sur cette taxe sans précédent avant que les banques ne rouvrent leurs portes mardi matin, lundi étant férié.
Le président chypriote Nicos Anastasiades devait regagner l’île en provenance de Bruxelles, vers 18H00 GMT et s’entretiendra dimanche avec le gouvernement lors d’une réunion d’urgence, a rapporté l’agence étatique CNA.
Ces prélèvements, censés rapporter 5,8 milliards d’euros, seront appliqués à toutes les personnes résidant sur l’île méditerranéenne, des employés chypriotes aux oligarchies russe.
Des tweets de gens en colère se multipliaient samedi sur la Toile même si l’accord n’était pas à la Une de la presse, en raison de sa conclusion tard dans la nuit à Bruxelles.
Juste après l’annonce de l’accord, des dizaines de Chypriotes et d’étrangers, très nombreux sur l’île, étaient visibles devant les banques pour retirer de l’argent des distributeurs automatiques.
C’est une catastrophe, dit un homme de 45 ans venu retirer de l’argent mais qui n’a pas voulu donner son nom.
Néanmoins ces retraits ne vont pas empêcher la ponction sur leur compte comme l’explique Marios Skandalis, vide-président de l’Institut des comptables publics de Chypre. Les montants correspondant à la taxe sont déjà bloqués et ne peuvent plus être transférés, selon lui.
Pour réduire leur participation, les bailleurs de fonds ont demandé à Nicosie d’instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75% sur tous les dépôts bancaires en-deçà de 100 000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, ainsi qu’une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts.
Après une dizaine d’heures de négociations avec l’Union européenne, le gouvernement chypriote, tout nouvellement formé après l’élection en février de M. Anastasiades (droite), a finalement cédé à ce qu’il avait pourtant considéré jusque-là comme une ligne rouge, la taxe sur les dépôts.
Le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, avait même affirmé début mars qu’une telle mesure serait catastrophique pour Chypre.
L’accord comprend également une hausse de l’impôt sur les sociétés qui passera de 10 à 12,5%, une autre ligne rouge que le gouvernement chypriote a franchie.