La plupart des célibataires de ce site y sont déjà, dans le système, je pense que c’est une piètre excuse ; Quand on est sûr de soi, on peut emmener une femme au bout du monde. Quand on craint son jugement, on le précédera, et effectivement on n’en sortira pas...
Il y a un grand risque avec lequel frôle la dissidence : un mélange de catharisme et de don quichotisme, c’est à dire une considération excessive du Mal (jusqu’à penser le Monde comme Mal en soi, au point d’en jouir avec amertume et colère) et qui nous le ferait penser comme à délaisser, au lieu de partir du postulat qu’il nous est donné, qu’il est fait pour nous.
Cette tentation s’explique très bien. Autrefois, ce qu’on nomme humanité était le fruit d’une nécessité humaine, évidente, naturelle. C’est ainsi que les communautés humaines se sont constituées, organisées, créant l’harmonie sans la rechercher (conquête du cœur du monde vue comme la conquête d’un Bien, malgré la menace du Mal, au milieu de lui). Aujourd’hui, il semblerait que ce soit au contraire la lutte contre les nécessités humaines (struggle for life, uniformisation, etc) qui fasse de chacun, un homme. Car la modernité créée tout un tas d’empêchements, de gênes, en réaction à son évidente "inhumanité", et nous encourage à une sorte de défiance naturelle. C’est peut-être la pire atteinte qui nous est faite, la pire blessure dans l’homme moderne. Certains la vivent avec cynisme, et tombent dans un nihilisme jouisseur et auto-destructeur. Les autres désespèrent et demeurent impuissants au milieu de la scène, qu’il ne pensent qu’à déserter.
C’est une posture compréhensible, mais qui ne peut être vraie. C’est un idéalisme, une maladie de la volonté qui renonce à la vocation terrestre, et nous laisse submergés par un goût indéfini qui met le monde de côté, puisque les relations qu’il propose ne sont pas aussi absolues qu’on le voudrait. Comme si le monde n’était pas faits pour nous...
Mais ce n’est pas la Vérité. ça ne se peut pas. Il manque peut-être un dogme au catholicisme pour nous relever de cette mélancolie, pour que la grâce nous sauve du merveilleux et de ses extrémités stériles.
Beaucoup de notre avenir repose sur notre capacité à conquérir et étreindre le coeur du monde, où qu’il se trouve, à le désirer. Qui se refuse à ce chemin, ne peut atteindre la femme, c’est évident. Avons-nous perdu le chemin ? ou seulement le désir en chemin ?