Une série d’explosions a fait au moins deux morts et "de nombreux blessés" dans la région musulmane chinoise du Xinjiang (ouest), en proie à des vives tensions interethniques, a rapporté lundi le site gouvernemental d’informations Tianshan.
Les explosions se sont produites dimanche dans trois sites distincts, dont un centre commercial dans le district de Luntai dans le sud du Xinjiang, a-t-on précisé de même source.
Elles interviennent à la veille du verdict que doit rendre la justice chinoise dans le procès intenté à un éminent intellectuel ouïghour, le professeur Ilham Tohti, qui a répondu la semaine dernière devant un tribunal d’Urumqi, la capitale du Xinjiang, d’accusations de "séparatisme".
Cet économiste, considéré comme un modéré, risque une lourde peine de prison.
Contactée par téléphone par l’AFP, la réceptionniste d’un hôtel voisin a déclaré : "J’ai bien entendu l’explosion, mon hôtel est à environ 200 mètres du centre commercial, mais l’accès à la rue qui y mène est bloqué, il y a des policiers partout".
La cause des explosions n’a pas été fournie par les autorités jointes par l’AFP mais, ces derniers mois, plusieurs attentats ont secoué le Xinjiang, où Pékin est aux prises avec une rébellion islamiste et séparatiste.
Une frange de la population de cette région aux confins occidentaux du pays, notamment les Ouïghours qui en forment la première ethnie, s’est radicalisée ces dernières années et rejette la tutelle chinoise.
Les autorités qualifient les auteurs de violences endeuillant le Xinjiang de "terroristes" ou "séparatistes".
Nombre de Ouïghours s’estiment "colonisés" par les nouveaux arrivants de l’ethnie majoritaire en Chine, les Han.
"Les politiques de la Chine poussent la population (ouïghoure) à résister avec acharnement, au nom de sa dignité", a commenté Dilxat Raxit, le porte-parole du Congrès mondial ouïghour, une organisation exilée de défense des Ouïghours.
Les explosions sont intervenues alors que les plus hautes autorités judiciaires et policières du pays ont publié au cours du week-end des directives nouvelles pour lutter contre le "terrorisme". Sont notamment visées des activités favorisant "l’extrémisme religieux".
La pression est également mise sur les responsables locaux pour parvenir à davantage de résultats en matière de "lutte antiterroriste".
La presse a ainsi rapporté lundi que 17 resposnables officiels de l’ouest du Xinjiang, dans la région de Kashgar, avaient été sanctionnés après une attaque remontant au 28 juillet, qui, selon le journal China Daily, s’est soldée par la mort de 37 personnes et de 59 "terroristes tués par balle sur place".
Stratégique et riche en ressources naturelles, le Xinjiang a bénéficié des efforts d’investissements du gouvernement central, mais les Ouïghours se disent exclus de la vigoureuse croissance et entravés dans la pratique de leur religion et de leur culture.
Pékin a lancé ces dernières semaines une vaste campagne de répression, qui s’est traduite par une vingtaine d’exécutions annoncées officiellement, des centaines d’interpellations, des condamnations de masse suivant des procès expéditifs et des exhibitions publiques de "terroristes".