Avec les commémorations des attentats de Paris de janvier 2015, on n’est même plus dans la désinformation, on est dans la diversion. Il n’y a plus d’enquête, ni officielle ni officieuse, plus de doute, les conclusions officielles ont été avalées bien sagement par la presse aux ordres, le pouvoir profond est tranquille, on est passé à autre chose, et on peut communiquer sur l’émotion, les rescapés, bientôt les descendants des rescapés, le traumatisme, et peut-être qu’un jour une loi sera faite pour ne plus mettre en doute la version officielle, celle qui arrange le pouvoir profond, celui-là même qui a défilé devant le peuple pavlovisé le 11 janvier 2015.
Avec ce sujet, France Inter joue à fond le registre de l’empathie, ça ne mange pas de pain, et on ne prend pas de risques avec les maîtres, ceux qui tiennent la radio publique via les dirigeants de stations, choisis justement pour cela. Tout est verrouillé, les rescapés des attentats devront se contenter d’être des héros qui ont vu l’horreur, avec un micro tendu tous les ans, aux alentours du 7 janvier.
La pleurniche nationale qui accompagne ces moments ne résoudra rien, car les vrais commanditaires sont toujours dans la nature et, surtout, aux commandes. On ne peut pas en vouloir à ceux qui se sont retrouvés dans la nasse, et qui tentent de se reconstruire au milieu de cette désinformation. On ne sait pas non plus si la vérité leur servira, mais ce sera toujours mieux que du micro-pleurniche. Il s’agit d’une guerre, et des civils ont été visés pour des raisons très politiques.
Les victimes, celles qui ont survécu, qui ont été blessées physiquement ou moralement, n’ont pas de chance : elles doivent subir la censure du cordon sanitaire médiatique, où les professionnels sont là encore choisis pour leurs limites intellectuelles et morales. Un bon exemple ici :
Le plateau n’était pas prêt , mais c’est sûr elle a bien mangé la cruche de service pic.twitter.com/EhNBVIEcrS
— Camille Moscow (@camille_moscow) January 4, 2025
Cette jolie journaliste est-elle déconnectée parce qu’elle est cruche ou cruche parce que déconnectée ? Cruche parce que cruche, concluront les tautologues.
Du côté de la rédaction de Charlie, Riss, qui n’a jamais été drôle, est encore moins drôle aujourd’hui, mais il a des raisons. Il a vécu l’horreur.
Pourtant, les Riss avaient une bonne raison de ne pas tomber dans le piège de la VO (version officielle) : en tant que journalistes, ils ne devaient pas gober cette baraque rafistolée qui ne tient pas debout, avec tant de zones d’ombre qu’on se demande s’il y a encore des zones claires... Ils ont malgré cela versé dans l’islamophobie, ce qui était le but de la manœuvre, drainant toute une partie de la gauche derrière.
Manuel Valls : "C'est la première fois depuis l'affaire Dreyfus (...) qu'une partie de la gauche participe d'une campagne de haine d'Israël et des juifs" pic.twitter.com/1PsgVU68qZ
— BFMTV (@BFMTV) January 7, 2025
L’objectif politique du 7 Janvier, c’est ça : désolidariser la gauche de sa base antiraciste, créer une gauche islamophobe (axe Valls-Charlie), et la rapprocher de l’extrême droite israéliste (axe Goldnadel-Bercoff). Le plan a marché à merveille. Ceux qui ont résisté au charlisme (les LFI) sont voués aux gémonies, ils sont qualifiés par les relais du pouvoir profond de soutiens du Hamas, et même de terroristes ! Subtil retournement, où l’on voit la main des commanditaires, pardon, des profiteurs de la situation...
Mais Charlie n’en est pas sorti vainqueur : le journal est à nouveau pas lu, comme avant la publication des caricatures en 2006, et avant janvier 2015, quand Charb cherchait un investisseur pour sauver le canard, et qu’une proche de Sarkozy lui a fait rencontrer un mystérieux bienfaiteur...
Les morts du 7 Janvier ont servi de fracturation politique de la gauche [1], cela n’avait rien à voir avec les dessins, qui constituaient juste le prétexte, la faille. Même principe avec l’attentat du Bataclan, dans ce fief sociologique de la gauche parisienne, avant cela attachée à l’anti-impérialisme, à l’antiracisme, à la Palestine...
Ce plan démoniaque, ce plan politique profond, on n’en entendra pas parler dans le docu de M6 ou sur France Inter. Pendant cette semaine commerciale d’empathie enfumeuse, l’émotion remplacera l’information, éteignant tous les doutes, cachant le dossier sous le tapis et le classant dans les tiroirs de la république, en minuscule s’il vous plaît.
À tout ce tam-tam inutile pour les victimes et insultant pour l’intelligence, on préférera l’ouvrage de François Belliot, qui a fait dans le sérieux, c’est-à-dire la profondeur. Pour nous, l’affaire est tout sauf close. Et cela n’empêche pas d’avoir une pensée pour les victimes, mortes et vivantes.
Le documentaire qui a inspiré notre contre-enquête (en renvoi)