France 5, malgré sa répugnance idéologique, a diffusé un long documentaire sur les manuscrits perdus de l’écrivain – 6 000 feuillets, quand même, merde ! –, en réalité volés par un obscur imbécile à la Libération et jamais rendus à sa veuve. Les manuscrits ont resurgi après la mort de Lucette (Almansor, à 107 ans, quand même, merde !), et voilà que Gallimard veut déjà en publier un bon morceau. Tous les célinistes sont en mode vibration, se pourléchant les babines à l’avance des inédits du plus grand écrivain du XXe siècle. Mais bon, à la place on nous sert BHL. Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, bordel ?
Malheureusement, le docu a été confié au gauchiste LGBT qui coproduisait l’émission de Yann Barthès sur Canal+, donc évidemment, c’est biaisé à mort, mais il reste quand même les faits. Les jeunes qui iront au bout de ces 89 minutes apprendront que Céline était fou, qu’il était méchant, qu’il était lâche, qu’il était calculateur, qu’il était impuissant, qu’il était dissimulateur, qu’il était collabo, qu’il était sale, qu’il était cochon, qu’il était fétichiste, qu’il était... rien sur l’écriture ou presque, rien sur l’œuvre ou presque, rien sur la puissance de travail. Et encore moins sur le positionnement politique, sur la démonstration célinienne.
Personne dans ce doc n’aborde politiquement les dires de Céline, sauf pour les condamner. On l’attaque sur sa personne, ses fautes, ses fuites, car il a fait le procès du pouvoir juif – c’est sa démonstration – de l’époque. Or, il vaut mieux faire le procès de Céline, déclaré cliniquement fou, que celui du pouvoir qu’il dénonçait.
Nous avons noté les interventions qui nous paraissaient intéressantes. Les intervenants pro-Céline sont prudents, les anti-Céline se lâchent.
Le jugement dernier de gauche
05’26 – L’acteur Denis Podalydès : « Il y a une forme de génie absolu littéraire, et j’allais dire de connard, d’homme buté, borné. »
Carrément méchant, jamais content
08’46 – Céline : « On dit souvent, les gens disent, “oh, vous avez l’air d’écrire facilement !” Mais non j’écris pas facilement ! Avec beaucoup de peine, et ça m’assomme d’écrire. Ça fait 80 000 pages pour arriver à faire 800 pages de manuscrit, qui ont l’air de, où le travail est effacé. Évidemment que le travail est effacé, on ne le voit pas ! »
Le flippé qui massacre Bagatelles
35’47 – Frédéric Vitoux : « J’ai voulu relire Bagatelles pour un massacre et j’étais… mal. J’étais organiquement mal, en les lisant. Il écrit des abjections, des horreurs, avec une documentation fantaisiste. »
Le 1er prix de psychiatrie
38’59 – Nicolas Mathieu, prix Goncourt : « Et le sentiment que ça donne est un sentiment quand même de démence, de tourbillon, de spirale infernale, on se dit dans quoi il est pris, quoi, dans… C’est quoi ta névrose, pour que tu sois happé dans ce truc-là ? »
La danseuse pas au courant
35’27 – Lucette Almansor : « C’est affreux de penser qu’avec une phrase on peut accuser un homme… Il a dit ça dans un moment de colère. »
La responsable de l’inquisition
36’25 – Anne Simonin, historienne au CNRS : « Le pamphlet antisémite lui permet de rester en contact avec un public qu’il pense être extraordinairement important, et il faut voir les chiffres de tirages, et effectivement les pamphlets antisémites, c’est énorme. »
- Contrairement à la légende colportée par les médias aux ordres du pouvoir profond,
Céline n’était pas un clochard...