Nouveau couac pour le gouvernement. Le Conseil d’État a annoncé, vendredi 31 janvier, qu’il suspendait une partie de la circulaire Castaner sur le « nuançage » politique.
Dans un communiqué, l’instance précise que la suspension vise « trois séries de dispositions de la circulaire ». Celle-ci, adressée le 10 décembre aux préfets par le ministre de l’Intérieur en prévision des élections municipales de mars, demandait aux représentants de l’État de n’attribuer une étiquette politique qu’aux candidats et listes déclarés dans les communes d’au moins 9 000 habitants et plus (contre celles de plus 1 000 habitants jusqu’ici).
Mais, comme l’a montré L’Œil du 20 Heures, les communes de moins de 9 000 habitants représentent 96 % des communes en France, et près de 50 % de la population nationale. Autant d’électeurs qui voteront bien pour élire leur maire, mais dont le vote n’aurait donc plus été analysé du point de vue de la politique nationale, selon ce que préconisait la circulaire. Des dispositions qui sont donc suspendues par le Conseil d’État, comme le réclamait l’opposition.
La droite comme la gauche, qui avaient déposé de multiples recours, estimaient que le gouvernement voulait, avec cette circulaire, tenter de gonfler artificiellement les scores de La République en marche aux prochaines municipales en ne prenant pas en compte les étiquettes politiques dans les petites communes, où le parti présidentiel n’est pas ou peu représenté.
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Pourquoi la gauche et la droite dénoncent-elles une « manipulation » ?
Les communes de moins de 9 000 habitants représentent 96 % des communes en France, et près de 50 % de la population nationale. Autant d’électeurs qui voteront bien pour élire leur maire, mais dont le vote ne pourra pas être interprété du point de vue de la politique nationale. Sans attribution de nuance politique par le ministère, impossible en effet de savoir s’ils ont voté pour des listes plutôt favorables ou défavorables au gouvernement, plutôt de gauche ou plutôt de droite…
Si ces chiffres sont impressionnants, ils doivent toutefois être relativisés, souligne Maire-Info, une publication éditée par l’Association des maires de France. En effet, en 2014, les communes de moins de 1 000 habitants (soit 71 % des communes) échappaient déjà à cette pratique. Avec le relèvement du seuil de 1 000 à 9 000 proposé par Christophe Castaner, ce sont en réalité 8 754 communes, dans lesquels vivent 23 millions d’habitants, qui vont à leur tour disparaître des radars, selon le calcul de Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat.
« On est devant une manipulation, LREM veut casser le thermomètre ! », s’indigne auprès de franceinfo Patrick Kanner, signataire d’une tribune « dans le JDD, avec d’autres sénateurs socialistes. La droite est aussi remontée : « Pour la première fois, nous n’aurons aucune projection démocratique des résultats. Personne ne pourra dire qui a gagné ou perdu » lâche Damien Abad, patron des députés LR, dans une interview au Figaro.
La République en marche, qui a pour le moment investi ou annoncé son soutien à des candidats dans seulement 526 villes sur les quelque 35 000 communes françaises, a en effet tout à gagner à gommer les résultats dans celles qui comptent moins de 9 000 habitants. Le parti présidentiel y avait par exemple obtenu des scores moins élevés que dans le reste de la France lors des dernières élections européennes.
« Cette France des plus de 9 000 habitants, c’est une France plus macroniste, moins lepéniste. Il y a donc peut-être la tentation de cacher la faiblesse inévitable de La République en marche aux élections municipales », décrypte le politologue Pascal Perrineau dans L’Œil du 20 Heures.
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