Comment l’ancien Premier ministre est devenu l’ennemi public numéro un d’une partie de la gauche socialiste et de l’aile gauche de la gauche.
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Valls a commis des erreurs politiques, c’est indéniable : il s’est englué dans les débats sur la double nationalité, a usé et abusé du 49.3, a défendu une politique sécuritaire offensive. Bref, il a mené une politique à rebours des attentes de l’électorat qui avait porté François Hollande à la présidence. De plus, il a manqué à son engagement de soutenir le vainqueur de la primaire de la gauche, Benoît Hamon, préférant faire les yeux doux à Emmanuel Macron. Mais la haine qu’il doit aujourd’hui affronter s’appuie sur des motivations bien souvent douteuses. À commencer par l’antisionisme larvé de nombre de ses détracteurs.
« Les plus radicaux dans la haine de Valls sont généralement liés aux réseaux dieudonno-soraliens », explique l’essayiste féministe laïque Caroline Fourest, proche du député d’Évry. « On a vu circuler des tracts pendant la primaire, affichant une caricature de Valls représenté avec une étoile de David en guise d’anus », rappelle-t-elle.
Pour la journaliste, l’ancien ministre de l’Intérieur paye aussi ses prises de position musclées sur les questions de laïcité : « C’est le seul qui a eu le cran de tenir tête à des groupes intégristes et antirépublicains. Mais avec la question de la déchéance de nationalité et du 49.3, il aussi a perdu le soutien d’une partie de la gauche antifasciste et anti-islamiste. »