En Allemagne, le gouvernement fédéral a adopté le mercredi 5 juillet le projet de budget 2024 porté par le ministre des Finances, Christian Lindner [photo]. Après d’âpres débats au sein de la coalition au pouvoir, l’austérité fait donc son grand retour.
La constitution allemande prévoit une règle dite du « frein à l’endettement » qui interdit à l’État fédéral d’emprunter plus de 0,35 % de son PIB chaque année. Avec la crise du covid, construite de toute pièce notamment pour enfermer davantage les États-nations dans la servitude de la dette, le gouvernement allemand avait suspendu cette interdiction trois années de suite. Le « quoi qu’il en coûte » aura contribué à porter la dette du pays à 2 400 milliards d’euros. Tout cela bien sûr pour rien, cet argent n’ayant servi non pas à investir dans l’économie mais à maintenir à flot de la main droite une population que l’on tentait de noyer de la main gauche.
L’objectif de Christian Lindner, membre du Parti libéral-démocrate, est de combler le déficit budgétaire de 20 milliards d’euros (en comparaison, le déficit budgétaire de la France, d’après le ministère chargé des comptes publics, s’élevait, à la fin avril de cette année, à 83,7 milliards d’euros). Après avoir ferraillé avec les Verts qui réclamaient plus d’argent pour la transition énergétique, le ministre des Finances, avec l’appui du chancelier Olaf Scholz, a finalement imposé un retour à l’austérité budgétaire.
Tous les ministères verront leur budget baisser de 3,5 milliards d’euros, à l’exception notable de la Défense qui profitera d’une hausse de 2 milliards afin d’atteindre les 2 % du PIB réclamés par l’OTAN. Cela porte le budget de l’armée allemande à 51,8 milliards d’euros auxquels il faudra ajouter 19,2 milliards provenant du « fonds spécial pour la Bundeswehr » créé en juin 2022 à la suite de la guerre en Ukraine.
Au final, l’Allemagne, entrée en récession cet hiver, est la victime de deux crises (covid et Ukraine) imposées par une vision pathologique et belliqueuse de l’ordre social et international que les élites du pays n’ont pas su dénoncer, par lâcheté ou compromission. Ce budget, au-delà de la volonté de redresser les comptes publics, entérine la soumission germanique aux intérêts américains.