L’état d’urgence proclamé par le président vénézuélien, Nicolas Maduro, dans le pays qu’il dirige depuis le décès de Hugo Chavez en 2013 marque un moment décisif pour le pays mais aussi pour toute la région.
Il ne fait plus aucun doute que l’Amérique du Sud est au bord de l’invasion de forces politiques conservatrices et réactionnaires, après une période où les idées de gauche ont prédominé.
Cette invasion a pour but de détruire le courant inspiré par Hugo Chavez lorsqu’il est arrivé au pouvoir au Venezuela en 1998. D’origine indigène, Hugo Chavez était parvenu à conserver son poste en dépit d’une tentative de coup d’État soutenue par les États-Unis en 2002. Le doute plane encore sur la cause de son décès en 2013, après deux ans de lutte contre le cancer. Ce cancer serait-il la conséquence d’un empoisonnement ?
Tous les chefs d’État évincés du pouvoir partageaient la vision de Chavez : un continent libre de toute domination américaine
En 2009, le président du Honduras, Manuel Zelaya, fut évincé du pouvoir par l’armée hondurienne et envoyé en exil. En 2012, c’est le président paraguayen, Fernando Lugo, qui fut destitué par le sénat. Le président de l’Équateur, Rafael Correa, a déjà essuyé un coup d’État par son armée en 2010 et depuis, la situation dans le pays reste tendue. Depuis le décès de Hugo Chavez, l’ancienne présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner, a été inculpée par la Cour fédérale pour fraude envers l’État durant son mandat. La dernière en date est la présidente du Brésil, Dilma Roussef, qui est accusée de corruption et suspendue de ses fonctions pour le temps de son procès. Dilma Roussef et ses partisans dénoncent, eux, un coup d’État.
Tous ces chefs d’État ont une chose en commun : ils partageaient la vision de Hugo Chavez d’un continent libre de toute domination américaine, tant économique que politique, et ils œuvraient pour la redistribution des richesses et des ressources aux plus démunis, en particulier aux peuples indigènes du sous-continent qui, des générations durant, ont été marginalisés, laissés croupissant dans la pauvreté et considérés comme des citoyens de deuxième, voire de troisième classe.
Le taux de pauvreté est passé de 48,6 % en 2002 à 29,5 % en 2011
L’actuel président du Venezuela, Nicolas Maduro, était le bras droit de Hugo Chavez. Il a pris ses fonctions en promettant de poursuivre les réformes radicales de son prédécesseur. Sous l’égide de la Constitution bolivarienne, le résultat de ces réformes est sans égal.
Le gouvernement de Hugo Chavez, en coopération avec Cuba a initié le programme d’alphabétisation le plus ambitieux de tous les temps, dont le succès a été reconnu en 2005 par l’UNESCO. L’organisme de l’ONU était allé jusqu’à déclarer que l’analphabétisme avait été éradiqué au Venezuela. Cuba a également joué un rôle important dans la création de cliniques dans tout le pays afin de fournir un accès aux soins gratuits aux plus démunis.
Chavez a fait la guerre aux élites économiques du pays, nationalisant les puits de pétrole appartenant aux géants américains Exxon Mobil et Conoco Phillips
Entre-temps, d’après une étude de l’Organisation des Nations Unies, entre 2006 et 2011 le Venezuela arrivait en troisième position dans le monde en termes de qualité de vie, en tenant compte des critères suivants : l’espérance de vie, la qualité des services de santé et de l’éducation. En outre, le taux de pauvreté est passé de 48,6 % en 2002 à 29,5 % en 2011. À la mort de Hugo Chavez en 2013, le pays avait le taux d’inégalité des revenus le plus bas de tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.