L’ancien patron du contre-espionnage français raconte dans un livre passionnant la gestion de la crise syrienne par les autorités françaises. Hollande et Fabius en prennent pour leur grade. Extraits.
Renseignement français : nouveaux enjeux, de Bernard Squarcini et Étienne Pellot – à paraître le 26 novembre –, offre un éclairage très instructif sur les arcanes de quelques grands dossiers, tout en révélant les réflexions roboratives de l’ancien patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) sur la façon dont le pouvoir gère certains dossiers. La preuve par quelques extraits sur la Syrie, « un fiasco politico-médiatique de nature à affaiblir durablement la position diplomatique de la France », écrit Squarcini.
« Le 2 septembre 2013, le premier ministre Jean-Marc Ayrault présente aux présidents de l’Assemblée et du Sénat, des commissions des affaires étrangères et de la défense des deux chambres, ainsi qu’aux présidents des groupes de la majorité et de l’opposition, un document intitulé “Synthèse nationale de renseignement déclassifié”. Celui-ci est censé démontrer qu’une attaque “massive et coordonnée” a été conduite dans la nuit du 21 août 2013 près de Damas, sur la Ghouta Est. […]
Les habitués de ce genre de notes savent que l’emploi trop fréquent de l’expression “nous estimons” (en l’occurrence pas moins d’une dizaine de fois) laisse entendre qu’aucun fait avéré n’est disponible et qu’on peut, par déduction ou induction, seulement produire de simples hypothèses et analyses. La phrase “nos services ont récupéré sur le terrain…” ne peut que s’entendre de la manière suivante : les agents locaux de la rébellion nous ont transmis des échantillons… Et lorsqu’on lit : “nos services disposent d’informations, de source nationale, laissant penser que d’autres actions de cette nature pourraient être encore conduites”, on peut tout aussi bien comprendre que les grandes oreilles de la DGSE et de la DRM ont intercepté des communications allant dans ce sens, mais qu’il leur est difficile d’en attribuer avec certitude la paternité. Enfin, lorsqu’on cite à l’appui “les renseignements crédibles de plusieurs partenaires”, on ne peut que se reporter directement aux analyses des services américains, britanniques et turcs… »
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