Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a annoncé ce dimanche soir à Washington (5h35 ce matin en France) la mort d’Oussama Ben Laden dans une opération menée au Pakistan par les Etats-Unis. Le cadavre du Saoudien a ensuite été emmené en Afghanistan puis immergé en haute mer, rapporte le New York Times.
"Justice est faite", a déclaré le président américain à propos du chef d’Al Qaïda, l’homme à l’origine des attentats du 11 septembre 2001 qui ont entraîné la mort de 3 000 Américains.
Mort d’une balle dans la tête
Oussama Ben Laden se cachait dans une résidence située près d’une académie militaire du Pakistan, à moins de deux heures de route d’Islamabad lorsqu’il a été tué dans la nuit de dimanche à lundi lors d’une opération menée par la CIA et impliquant des hélicoptères et des forces au sol. Il a été abattu dans une fusillade.
Le chef d’Al Qaïda, né en 1957, était traqué en vain depuis sa disparition il y a dix ans en Afghanistan. Son corps est aux mains des Américains, a précisé Barack Obama. Les Etats-Unis procèdent à des tests ADN sur le corps d’Oussama Ben Laden.
Les Américains ont utilisé des techniques de reconnaissance faciale pour identifier le chef d’Al Qaïda. Ben Laden a été identifié par les commandos qui l’ont tué au cours de ce raid. Il a résisté avant d’être atteint à la tête, a dit à Reuters un responsable américain ayant requis l’anonymat. Les résultats des tests ADN devraient être disponibles dans un délai de quelques jours.
Des membres de sa famille également tués
Barack Obama a déclaré qu’aucun Américain n’avait été tué dans l’opération menée à Abbotabad, au nord d’Islamabad, la capitale pakistanaise, et que les hommes impliqués - des forces spéciales selon une source - avaient pris soin d’éviter de faire des victimes civiles.
Selon un responsable américain, un fils adulte de Ben Laden ainsi que deux autres adultes ont péri également dans le raid. Il s’agit d’une réussite majeure pour Barack Obama et ses conseillers chargés de la sécurité nationale, alors que beaucoup d’Américains avaient abandonné l’espoir que le chef d’Al Qaïda soit un jour retrouvé.
Une liesse impressionnante aux Etats-Unis
Une foule de plusieurs milliers de personnes brandissant des drapeaux américains s’est rassemblée dans la soirée devant la Maison blanche pour manifester sa joie aux cris d’"USA, USA". Le département d’Etat américain a averti contre un risque accru de violences anti-américaines après la mort d’Oussama Ben Laden et diffusé une alerte aux voyageurs américains.
Le prédécesseur d’Obama, George W. Bush, avait traqué en vain pendant près de sept ans et demi, des attentats du 11 septembre 2001 à son départ de la Maison blanche en janvier 2009, l’extrémiste d’origine saoudienne. Dans un communiqué, il a salué une "réussite capitale". "La lutte contre le terrorisme continue, mais ce soir, l’Amérique a envoyé un message évident : quel que soit le temps que cela prend, la justice finit par être rendue", a déclaré George W. Bush.
Pour l’Elysée, "ce n’est pas la fin d’Al Qaïda"
"Oussama Ben Laden était le promoteur d’une idéologie de haine et le chef d’une organisation terroriste qui a fait des milliers de victimes dans le monde entier, notamment dans les pays musulmans, a déclaré l’Elysée dans un communiqué. Le fléau du terrorisme subit un échec historique, mais ce n’est pas la fin d’Al Qaïda. Le combat contre les criminels qui s’en réclament doit se poursuivre sans relâche et rassembler tous les États qui sont victimes de ces crimes."
L’un des premiers dirigeants étrangers à réagir, le Premier ministre britannique David Cameron a jugé que la nouvelle de la mort de Ben Laden apporterait au monde un "grand soulagement". Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a parlé de "triomphe pour les pays démocratiques en lutte contre le terrorisme".
L’Inde a souligné que le fait qu’il ait été tué au Pakistan confirmait les craintes que le pays, ennemi juré de New Delhi, serve de repère aux extrémistes. Selon certaines informations, Ben Laden avait failli être tué par un bombardement américain fin 2001 dans les montagnes de Tora Bora, dans l’est de l’Afghanistan.
Un succès pour Barack Obama
Barack Obama a rappelé qùil avait fait, dès son arrivée à la Maison blanche en janvier 2009, de la capture ou de la mort de Ben Laden une priorité majeure dans la lutte antiterroriste. Il a indiqué que la piste qui s’est révélée être la bonne était apparue en août dernier. Il a ajouté qu’il avait autorisé vendredi matin l’opération visant à tuer Ben Laden. De nombreux spécialistes du renseignement estimaient qùil se cachait au Pakistan.
Ancien combattant dans la guerre contre l’occupation soviétique en Afghanistan, Ben Laden a revendiqué les attentats du 11 septembre 2001 en déclarant plus tard qu’ils avaient dépassé ses espérances. Il a également été jugé à l’origine d’une série d’attentats contre des objectifs américains en Afrique et au Moyen-Orient dans les années 1990.
Voulaient-ils le capturer ou le tuer ?
Contrairement à ce que laisse entendre le président Obama dans son discours, la mission du commando dont l’assaut a coûté la vie à Ben Laden était de tuer et pas de capturer le chef d’Al Qaïda, rapporte à Reuters un responsable de la sécurité nationale des Etats-Unis.
"Il s’agissait d’une opération destinée à tuer", a déclaré ce responsable, en soulignant clairement qu’il n’y avait aucune intention de capturer Oussama Ben Laden vivant au Pakistan.
La nouvelle menace des talibans
Dans le sud de l’Afghanistan, fief des talibans, les habitants considèrent Oussama Ben Laden comme un "martyr" après sa mort au Pakistan voisin lors d’un assaut des forces américaines. Le Mouvement des taliban pakistanais a menacé de mener des représailles contre les dirigeants et l’armée du Pakistan et contre les Etats-Unis après la mort d’Oussama Ben Laden.
"Les dirigeants pakistanais, le président (Asif Ali) Zardari et l’armée pakistanaise seront désormais nos premières cibles. L’Amérique sera notre deuxième cible", a déclaré Ehsanullah Ehsan, porte-parole du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), joint par téléphone par Reuters dans un lieu indéterminé.