Les ministres nationalistes flamands de la N-VA vont démissionner de la coalition au pouvoir en Belgique depuis quatre ans, en raison d’une divergence profonde sur le Pacte de l’ONU sur les migrations.
« C’est clair, c’est net », a déclaré le ministre de l’Intérieur belge Jan Jambon à la télévision publique RTBF, en confirmant les départs de ministres nationalistes flamands de la N-VA du gouvernement belge, mettant fin à plusieurs heures de flou. En cause : une divergence entre le parti flamand et les autres membres de la coalition, au sujet du Pacte de l’ONU sur les migrations, dit Pacte de Marrakech.
Une fois acté le départ de la N-VA, poids lourd de cette coalition belge, le premier ministre belge Charles Michel doit prendre la tête d’un gouvernement sans majorité au Parlement, à cinq mois des prochaines élections législatives prévues fin mai. Il doit nommer ce 9 décembre de nouveaux ministres pour remplacer ceux de la N-VA et redistribuer leurs portefeuilles (Intérieur mais aussi Finances, Défense et Migration).
Le gouvernement a souvent tangué depuis quatre ans en raison des prises de positions strictes de la N-VA sur la migration. Le Président du parti Bart De Wever avait lancé le soir du 8 décembre un ultimatum à Charles Michel, laissant entendre que la N-VA s’en irait si ce dernier s’envolait pour Marrakech ce 9 décembre afin d’approuver au nom de la Belgique le Pacte de l’ONU sur les migrations.
« Je prends [...] acte ce soir que la N-VA quitte la majorité », avait répondu Charles Michel dans la foulée. Il avait répété sa ferme intention de représenter la Belgique à Marrakech comme « chef de gouvernement d’une coalition responsable ».
La N-VA est le seul des quatre partis de la coalition opposé à ce texte onusien, qui doit être approuvé en début de semaine prochaine au Maroc par les pays de l’ONU, avant d’être ratifié lors d’un vote au siège des Nations Unies à New York le 19 décembre. Le pacte avait d’abord fait l’objet d’un consensus gouvernemental cet été, mais la N-VA a changé d’avis fin octobre.
La crise, latente depuis plusieurs semaines, a éclaté le 4 décembre, quand Charles Michel a annoncé son intention de se tourner vers le Parlement, faute d’unanimité au sein de son gouvernement.
Deux jours plus tard, une large majorité droite/gauche s’est dégagée en plénière à la Chambre en faveur d’une résolution demandant au gouvernement de soutenir le pacte. La N-VA s’est retrouvée isolée au côté du parti d’extrême droite Vlaams Belang.
Ce parti anti-immigration a d’ailleurs tenu le 8 décembre un meeting à Bruxelles avec Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) français et Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, afin de dénoncer ce Pacte, brandi comme épouvantail par les populistes à travers l’UE à l’approche des élections européennes en mai prochain.